Polémique ONU/Kinshasa sur des femmes esclaves sexuelles au Kasaï

Congolaises transportant des sacs de nourriture lors d'une distribution de nourriture à Kasala, dans la région du Kasaï, RDC, 25 octobre 2017.

Les escarmouches entre la RDC et les Nations Unies ont repris mardi autour de femmes esclaves sexuelles depuis plusieurs mois au Kasaï, région du centre frappée par un violent conflit en 2016-2017.

La Mission des Nations unies au Congo (Monusco) affirme avoir "pu confirmer l'enlèvement de 66 personnes dont 2 femmes, 49 filles et 15 garçons" lors d'une enquête en décembre 2017. Depuis lors, certains de ces otages ont été relâchés", écrit mardi la Monusco dans une note.

"Dès qu'elle a eu connaissance des faits, la Monusco a alerté le gouvernement de la République démocratique du Congo", ajoute la note.

"La Monusco suit de près la situation préoccupante de femmes et enfants retenus en otages dans le territoire de Kamonia (province du Kasaï)", insiste la force onusienne.

Du côté gouvernemental, on réfute ces assertions.

"Jusqu'au moment où je vous parle, personne n'a donné de précisions quant à l'existence de ces femmes séquestrées comme otages sexuels", avait déclaré plus tôt dans la journée la ministre congolaise des Droits humains Marie-Ange Mushobekwa.

Selon elle, des femmes de l'ethnie Luba mariées aux hommes du groupe rival Tshokwe "se sont disputées avec leur mari" lors du conflit dans le Kasaï entre septembre 2016 et mi-2017.

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"Ces femmes ont croisé les éléments de la Monusco, elles ont relaté ce qui s'est passé et la Monusco a amplifié cette histoire", a affirmé Mme Mushobekwa.

Lundi, quarante manifestants ont été arrêtés à Kinshasa lors d'une marche en faveur de ces femmes. Ils ont été libérés mardi.

La région du Kasaï s'est embrasée en septembre 2016, un mois après la mort d'un chef traditionnel opposé au président Joseph Kabila, Kamuina Nsapu, tué lors d'une opération militaire.

Des affrontements entre Kamuina Nsapu et forces de sécurité ont fait plus de 3.000 morts dont deux experts de l'ONU, 1,4 million de déplacés.

Avec AFP