Idrissa Seck est aussi le challenger le plus dangereux pour le Président Macky Sall. Fort de son expérience, il brigue la présidence sénégalaise pour la 3e fois après ses échecs de 2007 et 2012.
Idrissa Seck a eu une riche carrière politique. Né en 1959, il est directeur de campagne du candidat Abdoulaye Wade à la Présidentielle de 1988 puis ministre du commerce dans le gouvernement d'union nationale en 1995. Cinq ans après il est de nouveau directeur de campagne du candidat Abdoulaye Wade qui est élu pour un mandat de 7 ans en 2000.
Idrissa Seck est alors au cœur du régime libéral. Ministre d'État, Directeur de Cabinet du président puis Premier ministre en novembre 2002. Il se fait l’avocat de la bonne gouvernance. Les résultats sont au rendez-vous avec des taux de croissance record de 6,68% en 2003 et 5,87% en 2004.
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Toutefois, ses relations avec le président Wade se gâtent de manière spectaculaire. Il est accusé de vouloir succéder à son père virtuel. Certains parlent de coup d'État rampant. Abdoulaye Wade l’accuse même d’avoir fouillé son bulletin de santé. Malgré toutes ses dénégations, il est limogé le 21 avril 2004.
"Ils m’ont sali, ils ont raconté n’importe quoi sur moi. Ils ont fait une propagande mensongère contre moi", avait-il déclaré.
C’est alors la disgrâce, qui ne s’arrête pas là. Idrissa Seck est accusé d’avoir détourné des sommes importantes dans l'affaire dite "des chantiers de Thiès". Il est arrêté le 23 juillet 2005. La majorité parlementaire vote sa mise en accusation devant la haute cour de justice pour détournement de fonds, corruption, faux et usage de faux, atteinte à la défense nationale et à la sûreté de l'Etat. Après plus de 6 mois à la prison de Rebeuss, il bénéficie d'un non-lieu. Il est libéré. Selon lui, ce sont les moments les plus douloureux de sa carrière politique.
"J’ai encore le souvenir frais de ma fille qui n’avait pas encore 5-6 ans, qui est venue s’enlacer contre moi en me disant: qu’est-ce qui se passe Papa? J’en ai encore le souvenir", a-t-il confié.
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Rester en prison et en sortir avec un non-lieu lui a valu la sympathie de beaucoup de Sénégalais qui ont perçu sa détention comme injuste et arbitraire. Il essaie alors de rebondir et va se présenter à la présidentielle de 2007 face à son mentor Abdoulaye Wade qui rempile pour un second mandat.
Peu avant ces élections, le président reçoit son fils spirituel au Palais et annoncera devant les caméras que son "fils Idrissa Seck va revenir à la maison”. Les conséquences sont retentissantes. Abdoulaye Wade passe au premier tour et Idrissa Seck termine 2e avec un peu plus de 14% des voix.
Ce sera son meilleur score. En 2012 il n'a eu que 7% des suffrages, loin derrière le président élu Macky Sall. La relations entre les deux hommes restera plus que tendue.
Macky Sall, le président sortant est un ancien membre du PDS de l’ancien président Wade. Ils sont issus du même parti. M. Sall a été Premier Ministre et président de l’Assemblée nationale. C’est donc un choc d'ambition, une dualité non-avouée. Pour l'observateur politique Ibrahima Bakhoum, Idrissa Seck est l'adversaire le plus dangereux du président sortant.
"D’abord, il a pris le temps de construire son réseau et depuis lors, qu’est-ce qu’il fait ?", interroge le politologue, avant d'ajouter "Non seulement il pose des actes solides mais en plus il a eu beaucoup de gens qui se sont alliés avec lui parmi les candidats recalés par le parrainage. Jusqu’ici, on pense qu’Idrissa Seck est très fort et bien positionné dans l’opinion. Avec tout ce qu’il a comme coalition, s’il fait une bonne campagne, il peut faire très mal."
Avant l’an 2000, Idrissa Seck avait écrit sur son site “Idrissa.com” qu’il serait le troisième président du Sénégal après Léopold Sedar Senghor et Abdou Diouf.
Il a déjà fait deux tentatives et joue probablement la carte de la dernière chance. Mais en politique, comme le dit l’adage, on ne sait j’aimais de quoi demain sera fait. On le saura au soir du 24 février avec la proclamation des résultats de l’élection présidentielle.