Poursuite de la grève des fonctionnaires en Côte d'Ivoire

Amadou Gon Coulibaly, le nouveau Premier ministre de la Côte d'Ivoire. Photo du 6 janvier 2016.

Les fonctionnaires ivoiriens ont reconduit pour cinq jours leur grève entamée le 9 janvier, estimant que les concessions faites par le gouvernement ne sont pas suffisantes, a-t-on appris samedi de source syndicale.

"La grève continue pour obtenir le stock des arriérés" de primes et salaires ainsi que "l'intégration effective (dans la fonction publique) des agents journaliers, la revalorisation de points d'indice" (augmentation de salaires) et le changement du mode de calcul des retraites, a expliqué un porte-parle de la plateforme qui regroupe une cinquantaine de syndicats de fonctionnaires.

Vendredi soir, les représentants syndicaux avaient annoncé vouloir consulter leur "base" en assemblée générale pour déterminer la marche à suivre après deux jours de négociations avec le gouvernement.

Ils avaient confié avoir trouvé certains points d'accord, tout en soulignant que certains points cruciaux posaient toujours problème.

Les grévistes demandent des augmentations de salaires et le paiement de certains arriérés de primes, et protestent contre une réforme des retraites intervenue en 2012 mais dont les premiers effets se font véritablement sentir en 2016, avec la mise à la retraite de fonctionnaires touchés par la loi.

Cette réforme fait passer l'âge de la retraite de 55 à 60 ans, voire 65 ans pour les grades les plus élevés. Les cotisations augmentent de 6 à 8,33% du salaire, alors que les pensions ont été réduites de 30 à 50% selon les catégories.

Jeudi soir, le gouvernement avait dans un communiqué assuré avoir trouvé un accord sur trois de cinq revendications des syndicats. Il invitait "l'ensemble des fonctionnaires à tenir compte des efforts considérables consentis depuis 2011 et qui coûtent à l'Etat, chaque année, 244,8 milliards de FCA (370 millions d'euros). Il s'agit notamment du déblocage des salaires de tous les fonctionnaires et agents de l'Etat de Côte d'Ivoire, salaires qui étaient bloqués depuis 1988, et de la reprise des avancements indiciaires chaque deux ans".

Cette grève survient alors que le pays fait face à une fronde des militaires et gendarmes qui a fait quatre morts cette semaine à Yamoussoukro. Une partie de l'armée -8500 anciens rebelles intégrés dans l'armée- a obtenu le paiement de 12 millions de CFA (18.000 euros dont 7500 avant le 5 février) mais le reste des "corps habillés" réclament aussi des augmentations de salaires et des primes. Le gouvernement a promis d'améliorer leurs conditions de vie.

De nombreux observateurs estiment que les concessions faites aux militaires ont renforcé les fonctionnaires dans leur conviction de pouvoir faire fléchir le gouvernement.

Avec AFP