Pousser Zuma vers la sortie, un plan en plusieurs étapes

Le sud-africain Jacob Zuma arrive à une cérémonie, en Afrique du Sud, le 6 août 2017.

En l'espace de deux mois, le très contesté président sud-africain Jacob Zuma, au coeur de plusieurs scandales de corruption, a vu son pouvoir vaciller. Retour sur les temps forts de cette saga qui tient le pays en haleine:

En décembre 2017, le Congrès national africain (ANC) se réunit pour élire son nouveau chef, qui succédera à Jacob Zuma.

La bataille est serrée, l'enjeu de taille. Le prochain chef du parti est assuré de devenir le prochain président de la République si l'ANC remporte les élections générales en 2019.

Dans cette course, le sortant Zuma soutient son ex-épouse, Nkosazana Dlamini Zuma, face au vice-président Cyril Ramaphosa.

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Le chef de l'Etat compte sur elle pour lui garantir son immunité judiciaire, affirment ses détracteurs.

A l'annonce des résultats le 18 décembre, le suspense est à son comble. Après une nuit blanche, M. Ramaphosa est déclaré vainqueur.

Dans la salle de conférence de Soweto surchauffée, ses partisans exultent et applaudissent à tout rompre. Le visage de Jacob Zuma reste impassible. Ses mains restent fermement posées sur la table. Le chef de l'Etat sait que pour lui, le vent a tourné.

Zuma exclut de partir

Le 4 février au soir, le "Top Six" - les six plus hauts responsables de l'ANC, dont Cyril Ramaphosa - se rend à la résidence de Jacob Zuma à Pretoria.

"Nous avons dit au président Zuma (...) que nous voulions que Ramaphosa prenne les rênes de l'ANC et aussi celles des affaires de l'Etat", a raconté le trésorier du parti, Paul Mashatile.

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Mais le président n'en a cure. "En gros, le président Zuma nous a dit: +je n'irai nulle part+", a expliqué M. Mashatile lors d'une intervention privée dont l'enregistrement a été obtenu par le site d'informations Times LIVE.

Le discours reporté

Deux jours plus tard, le 6 février, coup de théâtre, le discours annuel du chef de l'Etat devant les députés est reporté. Une première dans l'histoire de la démocratie sud-africaine.

"Nous avons pensé qu'il était nécessaire d'assurer un climat politique plus propice", justifie la présidente du Parlement, Baleka Mbete, qui redoute que l'intervention de M. Zuma dans l'hémicycle ne soit fortement perturbée.

Officieusement, il s'agit en fait de donner du temps aux nouvelles négociations qui se préparent en coulisses.

Aucune nouvelle date pour le discours sur l'état de la nation n'est annoncée. La crise, qui jusqu'à présent déchirait l'ANC, paralyse désormais l'Etat.

Tête-à-tête

Le président Zuma tend la main à son vice-président devenu son rival, Cyril Ramaphosa. Les deux hommes engagent des discussions "directes" le 6 février au soir. Elles sont "fructueuses et productives", selon l'ANC.

Le lendemain, Cyril Ramaphosa tente de rassurer la population, impatiente de sortir de cette impasse. La querelle sera tranchée "dans les prochains jours", assure-t-il.

Mais les tractations piétinent. Le président n'est pas du genre à s'avouer vaincu. Selon la presse locale, il négocierait l'immunité ou, au moins, la prise en charge de ses frais judiciaires.

Cyril Ramaphosa exclut toutefois tout passe-droit. Dimanche, devant des milliers de partisans de l'ANC réunis au Cap (sud-ouest), il rappelle avec fermeté que "ceux qui sont corrompus et ont volé l'argent des pauvres seront jugés". Le président Zuma est prévenu.

Rappel

Lundi, la principale instance de décision de l'ANC se réunit une nouvelle fois pour essayer de dénouer la crise.

Le président tente de jouer les prolongations. Il exige de rester au pouvoir encore trois mois, selon les médias locaux. Refus de l'ANC.

Lors d'une suspension de séance, en plein milieu de la nuit, Cyril Ramaphosa se rend à la présidence pour arracher la démission de Jacob Zuma. Là encore, il essuie un refus.

Dans la foulée, et après treize heures de discussions-marathon, l'ANC décide de "rappeler" le président, c'est-à-dire de lui ordonner de démissionner, selon les médias locaux.

La balle est désormais dans le camp de Jacob Zuma. S'il refuse d'obtempérer, l'ANC peut déposer au Parlement une motion de défiance qui, si elle est votée à la majorité absolue, ne lui laisserait pas d'autre choix que de partir.

Avec AFP