Premier revers électoral pour Macron avec une droite confortée au Sénat

Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse au Palais de l’Élysée, le 19 juin 2017.

Le président français Emmanuel Macron a essuyé son premier revers électoral dimanche à l'occasion du renouvellement partiel de la chambre haute du parlement où la droite a conforté sa majorité.

Selon les premiers résultats, le parti Les Républicains, avec 142 sénateurs sortants, était en route pour renforcer sa présence au Sénat, alors que le parti présidentiel, La République en marche (LREM), qui comptait 29 sièges, ne tablait plus que sur "20 à 30" sénateurs.

Le Parti socialiste, en pleine déconfiture à la présidentielle et aux législatives, résistait, lui, plutôt mieux que prévu.

Ce revers électoral pour le parti d'Emmanuel Macron, largement anticipé vu la nature du scrutin au suffrage indirect qui a servi à renouveler 171 des 348 sénateurs, n'empêchera pas le président de gouverner.

Mais il pourrait compliquer l'adoption de certaines des réformes-clés qu'il a promises pour "moderniser" la France.

Sur l'euphorie de sa large victoire aux législatives en juin, LREM rêvait à un moment d'une percée dans l'autre chambre pour conclure en beauté une année électorale marathon.

Mais avant-même le scrutin, il avait dû réviser à la baisse ses ambitions, avec la chute de popularité d'Emmanuel Macron et les premières difficultés du quinquennat.

Au final, il risquait même de perdre du terrain. "Je ne dirais pas que c'est un succès", a grincé François Patriat, chef de file des macronistes au Sénat, qui ne tablait plus que sur "20 à 30" sénateurs, refusant pour autant de parler de déception.

"Nous partons d'une page blanche. Nous ne pouvions ni gagner, ni perdre cette élection. La vraie élection en Marche au Sénat ce sera en 2020 lorsque nous aurons des conseillers municipaux, des conseillers régionaux, des élus locaux", a-t-il dit.

'Sursaut du monde ancien'

Bariza Khiari, membre de la direction provisoire de LREM, a pour sa part évoqué "le dernier sursaut du monde ancien", assurant que la recomposition en faveur d'Emmanuel Macron se poursuivra lors de la formation des groupes politiques au Sénat.

La nature même du scrutin était de fait défavorable au chef de l'État. Seuls avaient droit de voter 76.359 "grands électeurs" (parlementaires, maires, élus locaux), largement issus des dernières municipales remportées par la droite à un moment où le parti LREM n'existait pas encore.

Mais le gouvernement a aussi pris ces dernières semaines plusieurs décisions très mal accueillies par les élus locaux comme la suppression de 300 millions d'euros de dotations aux collectivités, l'exonération de la taxe d'habitation pour la majorité des ménages ou encore la baisse du nombre d'emplois aidés.

L'absence de majorité au Sénat n'empêchera pas Emmanuel Macron de gouverner. En France, la Chambre haute a le pouvoir de retarder l'adoption des projets de l'exécutif auxquels elle est hostile, mais le dernier mot revient toujours aux députés.

En revanche, le feu vert du Sénat est en théorie indispensable pour réviser la Constitution. Or le chef de l'État entend faire adopter d'importantes réformes constitutionnelles d'ici l'été 2018, dont la réduction d'un tiers du nombre de parlementaires, qui devront recueillir l'assentiment des 3/5e de l'Assemblée nationale et du Sénat, soit 555 élus.

Si quelque 400 députés devraient lui être acquis (dont 313 du parti LREM), il faudra convaincre près de 160 sénateurs et donc trouver des points d'accord avec les autres partis.

Sachant qu'en cas de blocage au Parlement, le président a déjà annoncé qu'il aurait recours à l'arme du référendum.

Avec AFP