Le président du Rwanda accuse les dirigeants du Burundi de "massacrer" leur population

Paul Kagame

Paul Kagame a tenu ce discours vendredi, avant l'expiration de l'ultimatum du président Nkurunziza. "Ce sont des propos inappropriés d'une agressivité inouïe", a réagi la présidence burundaise dimanche soir.

Dans un discours prononcé vendredi 6 novembre, mais porté à la connaissance de l'AFP dimanche 8 novembre, le président rwandais Paul Kagame s'est inquiété de la situation au Burundi voisin.

"Les gens meurent tous les jours, les cadavres jonchent les rues (...) Comment des dirigeants peuvent-ils s'autoriser à massacrer leur population du matin au soir ?", a déclaré M. Kagame lors de ce discours prononcé à l'occasion d'un dîner de remise de prix de l'Unity Club à Kigali.

Le chef de l'Etat rwandais s'exprimait 24 heures avant l'expiration de l'ultimatum lancé par le président burundais Pierre Nkurunziza à ses opposants pour qu'ils déposent les armes.

"Ce sont des propos inappropriés d'une agressivité inouïe", a réagi dimanche soir, auprès de l'AFP, Willy Nyamitwe, conseiller principal présidentiel en communication.

"Mais au niveau de la présidence du Burundi, nous ne voudrions pas verser dans la bassesse", a-t-il poursuivi, se refusant à commenter les propos du président rwandais.

Bujumbura accuse Kigali de soutenir ses opposants

Les relations entre les deux pays voisins sont au plus bas.​ En effet, Bujumbura accuse Kigali de soutenir ses opposants, voire de servir de base arrière à une rébellion naissante.

Le Rwanda s'inquiète du retour depuis plusieurs mois d'une possible présence de rebelles hutu des FDLR au Burundi, dont certains membres sont accusés d'avoir activement pris part au génocide au Rwanda en 1994 et d'éventuels massacres ethniques à grande échelle chez son voisin.

En outre, le président rwandais a estimé que la situation au Burundi "rappelle un peu celle qui a prévalu ici" au Rwanda en 1994 lors du génocide, qui en à peine 100 jours à partir d'avril 1994 a fait environ 800 000 morts essentiellement parmi la minorité tutsi.

"Ils (les Burundais) auraient dû tirer les leçons de ce qui s'est passé ici," a-t-il déclaré. Il a également vivement critiqué son homologue burundais, Pierre Nkurunziza qui selon lui "s'enferme" et "se cache".

"Mauvais dirigeants"

"Personne ne peut l'atteindre pour lui parler, comment peut-il prétendre diriger le pays ?", a-t-il critiqué. "Les dirigeants du Burundi se targuent d'être des hommes de Dieu, certains sont même pasteurs", a poursuivi M. Kagame.

Le président burundais est pasteur évangéliste convaincu d'être au pouvoir de par la "volonté divine".

"Mais en quel Dieu croient-ils? (...) Y a-t-il un endroit dans la Bible où les dirigeants sont appelés à massacrer leur peuple?", a ajouté le président rwandais.

Paul Kagame faisait allusion aux accusations d'ingérence pesant sur le Rwanda et renvoyé le Burundi à ses propres problèmes : "Ce sont les Burundais eux mêmes qui sont responsables de leur situation", évoquant "ces mauvais dirigeants qui font du mal à leur peuple".

Avec AFP