Présidentielle au Niger : les syndicats contre la tenue d'un scrutin "sans crédibilité"

Permanence du parti d'opposition Moden Lumana, Niamey, 4 mars 2016 (VOA/Nicolas Pinault)

L'ITN, un rassemblement des sept plus importants syndicats du Niger, a déploré "l'amateurisme" et "la mauvaise organisation" de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Les principaux syndicats du Niger ont appelé samedi à un "dialogue direct" pouvoir-opposition pour "éviter" la tenue d'un second tour du scrutin présidentiel "sans crédibilité" qui opposera le 20 mars le candidat emprisonné Hama Amadou et le président sortant Mahamadou Issoufou.

"L'ITN (intersyndicale des travailleurs du Niger) lance un appel pressant au président de la République, au nom de l'intérêt supérieur de la nation d'engager instamment un dialogue politique direct avec l'opposition afin d'éviter à notre pays un scrutin présidentiel sans crédibilité", indique l'intersyndicale dans un communiqué.

L'ITN, un rassemblement des sept plus importants syndicats du Niger, a déploré "l'amateurisme" et "la mauvaise organisation" par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) du double scrutin présidentiel et législatif du 21 février.

Elle a également critiqué "l'incohérence" entre la date fixée pour la tenue du second tour de la présidentielle et les "délais légaux de réclamations" par des candidats auprès de la Cour constitutionnelle.

Les syndicats "condamnent" également les "propos va en guerre" et "divisionnistes" proférés par les deux camps et demandent aux Nigériens "à garder leur calme".

Enfin, elles "invitent" la communauté internationale "à s'impliquer activement" pour "ramener la sérénité" au Niger.

Vendredi, l'opposition politique réunie au sein de la Copa 2016 (Coalition del'opposition pour l'alternance) a annoncé un "boycott actif" du scrutin du 20 mars. Elle avait déjà "suspendu sa participation au processus électoral en cours", demandant "à ses représentants de se retirer de la Céni", le maître d'oeuvre des élections.

La Copa accuse le régime de "fraude" et justifie notamment le boycott par l'absence de "proclamation officielle" des résultats du 1er tour, le non-respect de la durée de la campagne électorale et "l'iniquité de traitement entre les deux candidats".

La coalition a aussi réclamé la libération de l'opposant afin qu'il puisse mener sa campagne et affronter en "toute régularité" le président sortant.

Amadou, poursuivi dans une affaire controversée de trafic d'enfants, a quitté vendredi momentanément sa prison pour des soins. Il est détenu depuis le 14 novembre à la prison de Filingué, à 180 km au nord de la capitale.

"Ils (les opposants) se retirent parce qu'ils ne peuvent pas gagner. C'est désolant (...) A vrai dire, cela ne nous surprend pas. Les principaux candidats significatifs se sont ralliés à M. Issoufou", avait alors réagi jeudi le ministre de l'Intérieur Hassoumi Massaoudou, un proche du président Issoufou.

AFP