L'avocat de Salah Abdeslam demande l'impartialité pour son client

Salah Abdeslam

Salah Abdeslam est jugé à Bruxelles pour une fusillade avec des policiers en mars 2016,. Son avocat a imploré la clémence du tribunal, lui demandant de juger son client "comme vous jugeriez Dupont".

"Ce dossier est pollué par tout ce que vous avez lu, vu, entendu (...) Je vous demande de juger Salah Abdeslam comme vous jugeriez Dupont", a lancé Me Sven Mary, qui a choisi de continuer à défendre le jihadiste français de 28 ans malgré son absence au deuxième jour du procès.

Sur une question de procédure, relative à l'emploi des langues, l'avocat a également plaidé l'irrecevabilité des poursuites contre son client, ainsi que son coprévenu Sofiane Ayari. Le tribunal devra statuer sur ce point.

Me Mary a expliqué que dans son ordonnance de saisine du magistrat instructeur chargé de la fusillade du 15 mars 2016, le doyen des juges antiterroristes aurait dû employer le néerlandais et non le français, puisqu'il est rattaché au tribunal néerlandophone de Bruxelles.

Il ne l'a pas fait et c'est donc "l'ensemble des actes" de l'instruction "qui doivent être écarté des débats", a-t-il affirmé. "Une histoire belgo-belge", a-t-il reconnu.

Alors que Salah Abdeslam a défié ses juges lundi, disant placer sa confiance seulement en "Allah", Sven Mary l'a dépeint en "stoïcien qui accepte le sort qui est le sien".

"Mais moi, ce sort, je peux l'impacter", a affirmé Me Mary, et "au contraire de Salah Abdeslam je reconnais votre légitimité et je la respecte".

Une peine de 20 ans de prison, avec 13 ans de sûreté, soit le maximum pour les faits jugés, a été requise lundi par le parquet fédéral contre les deux prévenus.

Salah Abdeslam et Sofiane Ayari doivent répondre de "tentative d'assassinat sur plusieurs policiers" et "port d'armes prohibées", le tout "dans un contexte terroriste", une qualification contestée par les avocats de la défense.

"Il n'y a aucun élément qui vous permette de condamner Abdeslam pour infraction terroriste" dans le dossier de la fusillade pour lequel il est jugé depuis lundi, a plaidé Sven Mary.

Il a aussi demandé au tribunal de s'extraire de "la folie médiatique et sécuritaire de ce procès".

Le 15 mars 2016, c'est lors d'une perquisition de routine dans un logement supposé vide au 60 rue du Dries, dans la commune bruxelloise de Forest -dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts)- que des policiers belges et français avaient essuyé des tirs d'armes automatiques.

Trois policiers avaient été blessés, et un jihadiste tué en faisant face aux policiers arme à la main pour couvrir la fuite par l'arrière d'Abdeslam et d'Ayari. Les deux fuyards avaient été arrêtés trois jours plus tard.

Avec AFP