Poursuivi pour "attentat à la sûreté de l'État" et meurtres et coup et blessures volontaires", le colonel Kéré, chef d'état-major particulier auprès de la présidence, a nié les faits devant le tribunal à Ouagadougou.
"Même si l'armée n'a pas assumé le coup d'État, elle a accompagné le mouvement du général (Gilbert) Diendéré", considéré comme le cerveau du coup et ancien chef du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'unité putschiste, a-t-il ajouté.
"Aux premiers heures (du putsch), le général Zagré (chef d'état-major général des armées) a demandé que des mesures soient prises pour le maintien de l'ordre (...). Le chef d'État major de la gendarmerie a demandé au général (Diendéré) de trouver du matériel de maintien d'ordre pour ses éléments et de prendre une réquisition dans ce sens. Ce qui a été fait", a poursuivi le colonel Kéré.
"Tout cela laisse penser que ces chefs militaires avaient refusé d'assumer le coup d'État mais accompagnaient le général", a-t-il analysé, estimant que "si dès le 16 septembre le chef d'État major général des armées avait été ferme peut-être que le général Diendéré aurait laisser tomber car il savait bien que le RSP seul ne pouvait pas réussir sans soutien".
Le colonel Kéré a assuré n'avoir eu connaissance du coup d'Etat qu'alors qu'il était en réunion avec la hiérarchie militaire au ministère de la défense.
Il a ensuite participé à une réunion avec le général Diendéré. "Au cours de cette réunion, le général (Diendéré) a demandé aux officiers du corps (le RSP) de ne pas s'offusquer de n'avoir pas été informés plus tôt mais d'accompagner le mouvement".
"Le général demande d'accompagner le mouvement, si vous n'êtes pas d'accord, vous êtes considéres comme des ennemis et traités comme tel", a-t-il déclaré, justifiant ses actes.
Il a ainsi reconnu avoir signé un communiqué désignant le général Diendéré comme le chef du CND (organe dirigeant du putsch), mais précise l'avoir fait "dans des conditions où s'opposer pouvait être dangereux".
Le 16 septembre 2015, des soldats du régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré.
Le RSP était l'ancienne garde prétorienne de M. Compaoré, chassé en octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir.
Au total, 84 accusés sont jugés, dont les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, cerveaux présumés du coup manqué, qui a fait 14 morts et 270 blessés.
Avec AFP