Procès Obiang: "que justice soit faite", exhorte l'opposition équato-guinéenne

Le fils du président équato-guinéen Teodorin Obiang Nguema lors de son arrivée au stade de Malabo, le 24 juin 2013.

L'un des principaux partis d'opposition équato-guinéen a souhaité que "justice soit faite" avec "impartialité" dans le procès s'ouvrant lundi à Paris de Teodorin Obiang, vice-président de Guinée équatoriale, accusé de s'être frauduleusement bâti en France un patrimoine considérable.

"Nous demandons que la justice française soit impartiale et que justice soit faite. Le processus a commencé, il faut qu'il aille jusqu'au bout", a déclaré dimanche à l'AFP l'opposant Gabriel Nse Obiang, leader du parti d'opposition Citoyens pour l'innovation (CI).

Fils du président Teodoro Obiang, et promu vice-président du pays par son père, Teodorin Obiang, bientôt 48 ans, est poursuivi pour blanchiment d'abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics, d'abus de confiance et de corruption.

Il sera absent de son procès, où il encourt jusqu'à dix ans d'emprisonnement et une amende qui pourrait atteindre quelque 50 millions d'euros. La justice française le soupçonne d'avoir assouvi ses goûts de luxe en puisant dans les caisses de son petit État pétrolier, où bien des habitants survivent avec moins de deux dollars par jour.

Il est le premier dirigeant africain appelé à comparaître dans l'affaire dite des "Bien mal acquis".

"Nous sommes en faveur du procès car il n'y a pas d'eau potable (en Guinée équatoriale), pas d'écoles publiques construites et l'argent est placé dans les paradis fiscaux", a affirmé dimanche à l'AFP le militant des droits de l'homme Mariano Nkogo Mba, vice-président de l'ONG Centre des études et des initiatives pour le développement de Guinée équatoriale (CEID-GE).

"Le voleur doit payer", a estimé ce militant. Plusieurs membres de son ONG avaient été arrêtés en avril, puis relâchés.

De son côté, dans un communiqué lu jeudi à la télévision d'état, le gouvernement équato-guinéen a "condamné énergiquement les actes d'immixtion et de manipulation" de la justice française.

"Le tribunal français manque de compétence et de légitimité juridique pour juger Teodorin Nguema Obiang, car les délits pour lesquels on l'accuse faussement ont été commis en Guinée équatoriale, donc seul son peuple peut se plaindre de la légitimité de ses biens", a jugé vendredi le Parlement dans une déclaration officielle.

Interrogé dimanche par l'AFP à Bata, capitale économique du pays, Pancho, enseignant dans le primaire, a lancé: "ce procès doit avoir lieu; c'est inadmissible que l'on doive payer un individu qui dépense l'argent comme un fou! Je touche 120.000 francs CFA (183 euros) le mois, c'est normal?".

Pays pétrolier de 1,2 million d'habitants avoisinant le Cameroun et le Gabon, la Guinée équatoriale est dirigée depuis 1979 par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, réélu avec 93,7% des suffrages à la présidentielle du 24 avril 2016.

Avec AFP