Les avocats de M. Sonko, personnage central avec l'Etat sénégalais d'un bras de fer de plus de deux ans qui a déclenché plusieurs épisodes de troubles meurtriers, ont saisi la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao). Ils lui demandent entre autres d'ordonner la réintégration de M. Sonko sur les listes électorales après sa radiation à la suite d'une condamnation dans une affaire de moeurs.
Lire aussi : Présidentielle au Sénégal: l'opposant Sonko se heurte à un nouveau refus de l'administrationUn juge de Ziguinchor (sud du Sénégal) a annulé le 12 octobre cette radiation qui empêche M. Sonko, troisième de la présidentielle de 2019, d'être candidat au scrutin du 25 février 2024.
Le ministère de l'Intérieur a refusé jusqu'alors de délivrer à M. Sonko les fiches officielles qui lui permettraient de recueillir ses parrainages, une étape nécessaire au dépôt de candidature. Le ministère argue du caractère non-définitif de la décision du juge, frappée de recours de l'Etat. La Cour suprême doit examiner ce recours le 17 novembre.
La commission électorale nationale, un organe en charge de la supervision du processus électoral, a pourtant demandé le 31 octobre à la Direction générale des élections (DGE), qui dépend de l'Intérieur, de rétablir M. Sonko sur les listes et de lui délivrer les fichiers de parrainages. La DGE lui a le même jour opposé une fin de non-recevoir.
"Ousmane Sonko est juste à trois semaines (du délai fixé pour le) dépôt de ses fiches de parrainages pour l'acceptation de sa candidature à la présidentielle. La décision du juge d'instance (de Ziguinchor) doit être immédiatement exécutée au vu de l'urgence", a affirmé lundi devant le Cour un des avocats de M. Sonko, Ciré Clédor Ly.
Un représentant de l'Etat du Sénégal, Yoro Moussa Diallo, a demandé "de rejeter comme mal fondées les demandes". "Nous avons en face de nous des arguments fondés uniquement sur la politique", a-t-il dit. La Cour a mis l'affaire en délibéré au 17 novembre.
M. Sonko, 49 ans, a été déclaré coupable le 1er juin de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme. Ayant refusé de se présenter au procès qu'il dénonçait comme un complot pour l'écarter de l'élection, il a été condamné par contumace.
Il a été écroué fin juillet sous d'autres chefs d'inculpation, dont appel à l'insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l'Etat. Il a annoncé mi-octobre une nouvelle grève de la faim.