Quarante-et-un civils syriens tués dans des tirs de rebelles

Des rebelles passent des bâtiments en ruine à al-Rai, au nord d'Alep, Syrie, le 2 octobre 2016.

L'ONU s'est dite "horrifiée" dimanche par les tirs des rebelles qui ont fait 41 morts dans les quartiers ouest de la métropole divisée d'Alep, depuis le début vendredi d'une offensive des groupes anti-gouvernementaux cherchant à briser le siège imposé par le régime syrien.

Cette coalition de rebelles islamistes et jihadistes tente à coups de roquettes et d'obus de briser les lignes gouvernementales pour parvenir à l'est d'Alep où vivent 250.000 personnes en état de siège depuis juillet, privées d'aide humanitaire et menacées de pénurie alimentaire selon l'ONU.

Les rebelles ont par ailleurs été accusés d'avoir répandu du "gaz toxique", selon les médias officiels qui rapportent 35 cas de suffocation dans un quartier tenu par le gouvernement.

Le contrôle d'Alep --divisée en secteurs est tenus par les rebelles et quartiers ouest aux mains du régime-- est déterminant aux yeux des belligérants pour asseoir leur pouvoir dans le nord de la Syrie, ravagée depuis 2011 par une guerre civile qui a fait plus de 300.000 morts.

Les combats, rythmés par les frappes aériennes du régime et de son allié russe, se concentrent à la périphérie ouest d'Alep, attaquée par plus de 1.500 combattants venus des provinces d'Alep et d'Idleb (nord-ouest) sur un front de 15 kilomètres.

Leur intensité était telle qu'ils étaient entendus jusque dans les quartiers est de la ville, pourtant relativement éloignés de la ligne de front, a constaté un correspondant de l'AFP dans ce secteur qui pouvait voir des colonnes de fumée s'élever au-dessus de la ville.

Depuis vendredi, 41 civils, dont 16 enfants, ont été tués et 250 blessés par les obus et roquettes tirés par les rebelles sur les quartiers ouest d'Alep, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, s'est dit "horrifié" et "choqué" par ces tirs, évoquant de possibles "crimes de guerre".

"Ceux qui prétendent qu'il s'agit de soulager le siège d'Alep-est devraient se rappeler que rien ne justifie l'usage d'armes disproportionnées et sans discrimination, y compris les armes lourdes, dans des secteurs habités par des civils", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, 64 rebelles ont été tués dans les violences qui ont fait pas moins de 55 morts parmi les forces du régime et les combattants engagés à ses côtés, selon l'OSDH.

'Gaz de chlore toxique'

Selon l'OSDH, "les combats ont atteint leur paroxysme" à Dahiyet al-Assad, un quartier gouvernemental au sud-ouest d'Alep, où les rebelles avaient effectué une avancée vendredi, s'emparant de la majorité du secteur, avant que les forces du régime ne les fassent partiellement reculer.

Les combattants cherchent à progresser vers le quartier voisin de Hamdaniyé, tenu par le gouvernement et situé en bordure des quartiers rebelles assiégés par le régime.

L'agence officielle Sana a d'ailleurs accusé les "groupes terroristes" --terminologie du régime pour parler des rebelles-- d'avoir "visé le quartier de Hamdaniyé avec du gaz toxique", évoquant "35 cas de suffocation" et des blessés souffrant de "spasmes musculaires" et de "dilatation de la pupille".

Le directeur de l'hôpital universitaire d'Alep, Ibrahim Hadid, interrogé par la télévision publique, a accusé les "terroristes" d'avoir utilisé "du gaz de chlore toxique".

La prise de Hamdaniyé permettrait de briser le siège imposé aux quartiers rebelles en établissant un passage vers les zones contrôlées par les insurgés, à l'extérieur d'Alep.

"Depuis Dahiyet al-Assad, on va avancer vers Hamdaniyé", a confirmé Yasser Al-Youssef, un responsable du groupe rebelle Noureddine Zinki.

Le régime syrien avait lancé le 22 septembre une offensive majeure pour reprendre ce secteur. Mais ses succès avaient été limités, malgré l'appui de l'aviation russe et des bombardements meurtriers qui ont fait plus de 500 morts selon l'ONU et entraîné la destruction d'infrastructures civiles, notamment des hôpitaux.

Une source militaire pro-régime a reconnu que l'offensive rebelle était "massive et coordonnée", tout en affirmant que les combattants n'avaient réussi aucune avancée à l'exception du quartier de Dahiyet al-Assad.

"Ils utilisent des roquettes GRAD et des voitures piégées et sont soutenus par des combattants étrangers", a-t-elle précisé.

L'offensive est menée par Jaich al-Fatah, une coalition réunissant des groupes rebelles islamistes comme Ahrar al-Sham, mais aussi des jihadistes du front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra (Al-Qaïda en Syrie).

En réaction à l'offensive rebelle, l'armée russe avait annoncé vouloir reprendre ses raids aériens, mais le président russe Vladimir Poutine a estimé vendredi que ce n'était "pas opportun".

Avec AFP