L'attaque suicide mercredi contre un camp de regroupement des formations signataires de l'accord de paix au Mali et de l'armée malienne à Gao, principale ville du nord du pays, a fait 77 morts et 120 blessés, selon un dernier bilan encore provisoire publié jeudi par la Mission de l'ONU au Mali (Minusma).
Un rassemblement en hommage aux victimes de cet attentat revendiqué par le groupe du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, rallié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a réuni plusieurs centaines de personnes à Bamako samedi, dernier des trois jours de deuil national décrétés par le président Ibrahim Boubacar Keïta.
"C'est la première fois dans l'histoire de notre pays qu'un attentat cause un aussi grand nombre de victimes", a déclaré vendredi à Gao le capitaine Chido Dacko, du service social de l'armée malienne, lors d'un hommage aux tués,qui se comptent à la fois dans les rangs de l'ex-rébellion, des groupes pro-Bamako et des militaires maliens.
Malgré les voeux d'unité formés à la suite de cet attentat, de nouveaux affrontements se sont produits samedi entre groupes signataires de l'accord, selon le Groupe d'autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-gouvernemental).
Un poste du Gatia près de Tin-Assako, dans la région de Kidal (nord-est), a été attaqué samedi, a affirmé à l'AFP le secrétaire général du Gatia, Fahad Ag Almahmoud, accusant "les éléments de la CMA" (Coordination des mouvements de l'Azawad, ex-rébellion à dominante touareg).
"Le bilan est lourd: nous déplorons 14 victimes", a-t-il ajouté.
L'information a été confirmée par un habitant de Kidal joint par téléphone, mais la CMA n'a pas réagi dans l'immédiat à ces accusations.
Le Conseil de sécurité de l'ONU, inquiet de la viabilité de l'accord de paix signé en mai-juin 2015 en raison des retards accumulés dans son application, a discuté le 19 janvier de l'opportunité de prendre des sanctions contre les auteurs de violations du cessez-le-feu.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature de l'accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes.
Avec AFP