Quatre opposants condamnés pour un chant protestataire au tribunal en Ethiopie

Des piétons passent devant la Haute Cour fédérale à Addis Abeba, en Ethiopie, 1er novembre 2011.

Un tribunal éthiopien a condamné quatre membres de l'opposition, dont le vice-président du Congrès fédéraliste oromo (OFC) Bekele Gerba, à six mois de prison pour avoir entonné un chant protestataire lors d'une audience, selon leur avocat.

M. Bekele et ses co-accusés sont en détention depuis leur arrestation fin 2015 dans le cadre de la répression des plus importantes manifestations anti-gouvernementales en Ethiopie depuis 25 ans, qui avaient poussé le gouvernement a décréter l'état d'urgence pendant 10 mois en 2016 et 2017.

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Les quatre hommes ont entonné un chant protestataire lorsque le tribunal a rejeté une requête de M. Bekele de convoquer le Premier ministre Hailemariam Desalegn et d'autres responsables du gouvernement pour témoigner lors de son procès, a assuré à l'AFP leur avocat Ameha Mekonnen.

"Ils étaient furieux", a-t-il dit, précisant que ses clients se sont "abondamment plaints".

Trois autres accusés dans une affaire séparée, mais qui étaient présents dans la salle d'audience, ont été condamnés à trois mois de prison pour avoir frappé dans les mains au rythme du chant, qui critiquait des appropriations de terres par le gouvernement.

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M. Bekele est devenu un symbole de la cause du plus grand groupe ethnique du pays, les Oromos, qui ont commencé à protester il y a plus de deux ans - des manifestations ont suivi dans d'autres parties du pays, principalement en région Amhara, la deuxième ethnie du pays.

Il avait initialement été inculpé en vertu des lois antiterroristes éthiopiennes, mais les charges retenues contre lui ont finalement été requalifiées comme "provocation".

Débutées fin 2015, les manifestations antigouvernementales ont été violemment réprimées par les forces de l'ordre, faisant au moins 940 morts selon la Commission éthiopienne des droits de l'Homme, liée au gouvernement. Ces manifestations se sont calmées après l'instauration de l'état d'urgence en 2016.

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Des rumeurs sur une possible libération de M. Bekele ont commencé à bruisser en Ethiopie lorsque le Premier ministre Hailemariam Desalegn a promis le 3 janvier de libérer un certain nombre d'hommes politiques emprisonnés "afin d'améliorer le consensus national et d'élargir le débat démocratique".

Aucune libération n'a toutefois eu lieu depuis l'annonce, qui ne précisait pas qui en bénéficierait, ni quand elles auraient lieu.

Avec AFP