Que sait-on sur les terroristes qui ont attaqué Paris ?

Un policier français à la frontière italienne, le 14 novembre 2015. (AP Photo/Lionel Cironneau)

Un assaillant présumé du Bataclan, un Français, a déjà été identifié, selon la police. Un passeport syrien a également été retrouvé à proximité du corps d’un autre terroriste. Et des arrestations ont été menées en Belgique.

Qui sont les assaillants, leurs éventuels complices et commanditaires ? L'enquête, qui s'annonce longue, devra déterminer comment des kamikazes - un mode opératoire pour la première fois employé en France - ont pu se coordonner pour commettre un tel carnage dans Paris au nom du groupe Etat islamique (EI) vendredi 13 novembre au soir.

Les restes des corps des kamikazes qui se sont faits exploser sur les lieux de trois attaques (boulevard Voltaire, dans la salle de spectacles du Bataclan et au Stade de France), doivent être ramenés à l'Institut médico-légal (IML), la morgue de Paris. Les enquêteurs espèrent que des traces ADN ou des empreintes exploitables coïncideront avec un fichier d'auteurs d'infractions.

Un assaillant présumé du Bataclan a d'ores-et-déjà été identifié, selon des sources policières : il s'agit d'un Français, dont l'identité n'a pas été précisé.

Selon des témoins, un ou des kamikazes ont crié en français, ce qui laisserait également penser qu'un ou plusieurs d'entre eux serait d'expression française.

Un passeport syrien a par ailleurs été retrouvé à proximité du corps déchiqueté d'un des auteurs de l'attaque du Bataclan. Il appartenait à un migrant enregistré lors de son arrivée sur une île grecque en octobre, a affirmé samedi le ministre grec de la Protection publique Nikos Toskas.

"Le détenteur du passeport syrien est arrivé le 3 octobre par l'île grecque de Leros où il a été enregistré conformément aux règles de l'Union européenne", a assuré M. Toskas dans un communiqué. Les enquêteurs français n'ont pas déterminé à ce stade si ce passeport était bien celui de l'assaillant.

La piste belge

De l'autre côté de la frontière, en Belgique, plusieurs personnes ont été arrêtées samedi lors d'une vaste opération de police dans la commune bruxelloise de Molenbeek.

Ces arrestations "peuvent être vues en connection avec une voiture Polo grise louée en Belgique retrouvée devant (la salle du) Bataclan", a indiqué le ministre belge de la Justice Koen Geens.

A Paris, plusieurs témoignages avaient fait état d'assaillants arrivés à bord d'un véhicule immatriculé en Belgique.

L'une des hypothèses, parmi d'autres, est celle d'une équipe venue de l'étranger, renforcée éventuellement de résidents français, selon une source proche du dossier.

Selon le tabloïde populaire belge "La Dernière Heure", trois des assaillants qui ont perpétré les attentats de Paris venaient de Molenbeek. Des tickets de parking provenant de Molenbeek auraient été retrouvés à l'intérieur de la voiture immatriculée en Belgique.

Selon les médias, au moins cinq personnes auraient été arrêtées au cours de ces opérations, mais le nombre des arrestations n'a pas été confirmé officiellement.​

La RTBF, citant une source anonyme, a précisé que deux ou trois perquisitions avaient eu lieu dans ce quartier populaire. Elles ont pris fin en début de soirée.

Molenbeek est l'une des 19 communes de la capitale belge et accueille plusieurs communautés immigrées. L'auteur de l'attaque en août du Thalys Amsterdam-Paris, Ayoub El Khazzani, avait séjourné chez sa soeur qui vit à Molenbeek avant de prendre le train.

La piste allemande

Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur allemand, Thomas de Maizière, a affirmé samedi qu'aucun lien n'avait encore été établi entre les attaques à Paris et l'arrestation d'un suspect la semaine dernière en Bavière.

"Il y a un lien avec la France, mais il n'est pas sûr qu'il y ait un lien avec les attaques" de vendredi à Paris, a dit lors d'une conférence de presse le ministre, soulignant que des vérifications étaient en cours.

L'homme cachait dans son véhicule "plusieurs mitraillettes, revolvers et des explosifs".

Selon le site de l'hebdomadaire allemand "Focus", l'homme en question viendrait du Montenegro et aurait gardé le silence lors de sa garde à vue, sans prendre d'avocat pour se défendre.

La coopération de services étrangers, notamment européens, a été sollicitée.

D'ores et déjà, une source policière évoque "des types aguerris à première vue et parfaitement entraînés, que les témoins décrivent comme assez jeunes et sûrs d'eux". La question de leur entraînement et d'un éventuel séjour en zone de jihad, notamment en Syrie, est posée selon des sources policières.

La coordination des attaques - explosions au Stade de France lors d'un match international, fusillades à Paris - laisse peu de doute : le projet a été conçu et préparé pour frapper les esprits et semer l'effroi. Ces attaques constituent une rupture par rapport aux précédents attentats ayant visé la France, en particulier "Charlie Hebdo" en janvier : dans leur mode opératoire (des kamikazes), leurs objectifs (viser indistinctement des Français, et non un groupe particulier - des caricaturistes, des juifs... -), et leur échelle (attaques simultanées en plusieurs endroits).

En août, un Français arrêté à son retour de Syrie, où il avait séjourné quelques jours à Raqqa, fief du groupe EI, avait évoqué des instructions pour viser une salle de concert.

Remonter le fil de soutiens logistiques puis de commanditaires dépendra des traces laissés par les kamikazes. La présence de ceintures explosives est aussi inédite et laisse supposer la présence d'un artificier. "Le spécialiste en explosif est trop précieux, il ne participe jamais aux attaques. Donc il est là, quelque part...", pense l'ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE (service d'espionnage français) Claude Chouet, contacté par l’AFP.

Avec AFP