SOS Racisme dénonce les propos "dangereux" du nouveau président catalan

Quim Torra, président de la Catalogne arrive au parlement à Barcelone le 11 mai 2018

L'organisation SOS Racisme en Catalogne a dénoncé des propos "dangereux" tenus dans le passé contre les Espagnols par le nouveau président séparatiste de la région Quim Torra, que ses détracteurs accusent de "xénophobie".

"Nous rejetons les propos que Monsieur Torra a tenus de façon répétée. Un discours dangereux, irresponsable et inacceptable, basé sur les préjugés", a dénoncé l'association antiraciste dans un communiqué.

Quim Torra, un éditeur de 55 ans, a été élu lundi président de Catalogne par le parlement régional, et a aussitôt promis de "construire un Etat indépendant, une république".

Plusieurs de ses tweets anciens --qu'il a effacés depuis mais qui ont été exhumés par la presse espagnole-- ainsi que des déclarations aux médias ces dernières années ont fait polémique.

"Les Espagnols viennent ici pour nous surveiller. Qu'ils s'en aillent une fois pour toutes!", tweetait-il par exemple en 2012.

Dans des déclarations publiques, il avait également qualifié l'Espagne de "pays exportateur de misères", affirmé que l'emploi de la langue espagnole en Catalogne n'était pas "naturel", et traité de "charognards, vipères et hyènes" ceux qui ne s'engageaient pas pour la défense de la culture et de la langue catalanes.

M. Torra avait aussi jugé "nécessaire" une révolte armée du type de celle que Francesc Macià, président de la Catalogne de 1931 à 1933, avait projeté dans l'espoir de proclamer une république catalane en 1926, alors qu'il était exilé en France pendant la dictature de Miguel Primo de Rivera.

"Il défend la xénophobie", a accusé lundi la leader pour la Catalogne du parti de centre-droit et anti-indépendantiste Ciudadanos, Inés Arrimadas.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères Alfonso Dastis s'est quant à lui déclaré préoccupé par l'émergence, selon lui, d'une "forme dicriminatoire de nationalisme" en Catalogne, selon une déclaration rapportée par un forum auquel il a participé mardi à Séville, dans le sud de l'Espagne.

Dans son communiqué, SOS Racisme s'est déclaré "en alerte (...) pour dénoncer et contre-argumenter les prises de position racistes qui, alliées aux pratiques discriminatoires et à un discours de haine, pourraient porter atteinte à la cohabitation et à la cohésion sociale" dans cette région de 7,5 millions d'habitants, dont beaucoup sont originaires d'autres régions d'Espagne et où la plupart parlent les deux langues.

M. Torra s'est défendu en affirmant qu'il s'agissait de déclarations anciennes publiées hors contexte, mais a fait amende honorable. "Je regrette, cela ne se reproduira plus", s'est-il excusé lundi devant le parlement catalan peu avant son élection.

"Je suis navré de ces excès, qui se sont produits dans des moments de grande excitation", a-t-il ajouté mardi dans une interview à la radio catalane.

Il a également assuré qu'il n'avait rien contre les Espagnols. "J'aime être avec eux", a-t-il dit, en promettant que l'espagnol et le catalan seront les deux langues officielles de la république catalane qu'il entend créer.


Avec AFP