Des dizaines de dépouilles sont bloquées, pour certaines depuis des semaines, en France surtout, ailleurs en Europe et même aux Etats-Unis selon les avocats d'un collectif constitué pour obtenir leur rapatriement.
Cet interdit a causé une grande détresse chez les proches qui entendent que les disparus reposent dans leur pays, disent les avocats.
Le Sénégal a interdit début avril le rapatriement des victimes en invoquant "le risque fort de contagion lié à la manipulation des dépouilles". La Cour suprême saisie par le collectif a maintenu cette décision jeudi en invoquant le principe de précaution.
Mais le président sénégalais, en même temps qu'un allègement des restrictions anti-Covid, a annoncé lundi soir qu'il serait "désormais possible de procéder à ces rapatriements (...) dans le respect des conditions sanitaires requises". Il a invoqué "la douleur de la distance" ajoutant au deuil, et la "forte demande" émanant des proches.
Lire aussi : Face au risque de saturation, le Sénégal ouvre de nouveaux centres du coronavirusNicolas Mendy, présenté comme un cas emblématique par le collectif, a suivi en direct l'allocution présidentielle dans la région parisienne et a partagé ensuite son soulagement avec le reste de la famille au Sénégal, qui "n'attendait que ça".
Son père de 71 ans qui, comme de nombreux compatriotes, faisait des allées et venues entre les deux pays depuis sa retraite de chez Renault en 2009, a été emporté le 4 avril en France.
Depuis, il repose dans un funérarium et son fils de 36 ans, qui vit près de Paris, dit payer près de 55 euros par jour pour sa garde parce qu'il est "hors de question de l'enterrer en France".
Dès mardi, Nicolas Mendy, joint au téléphone, a pris contact avec les Pompes funèbres qui, dit-il, se chargeront de toutes les démarches. L'essentiel était déjà fait et butait sur le refus des autorités consulaires sénégalaises de délivrer les permis nécessaires, indique-t-il.
"Si tout se passe bien, (le rapatriement) sera fait samedi", dit-il. "Du moment qu'on a le laissez-passer mortuaire, si c'est pas samedi, ça peut être une semaine" de plus, dit-il, "le plus important, c'est que mon père soit enterré selon son souhait".
Lire aussi : L'État sénégalais distribue massivement des vivres pour amortir le choc du coronavirusMbaye Diagne, avocat qui coordonne l'action légale du collectif, a parlé d'un "soulagement pour toute la diaspora".
"Le président a toujours été sensible à la problématique de la diaspora"; or celle-ci n'a "jamais compris" une interdiction décidée sous le coup de "la panique", a-t-il dit.
Il escompte que les corps pourront rentrer "dans les prochaines semaines". Les familles recevront instruction de veiller scrupuleusement aux consignes sanitaires et en particulier de ne pas faire ouvrir les cercueils, a-t-il ajouté.