Les femmes journalistes menacées par le sexisme, selon un rapport

Des manifestants réclament l'égalité des sexes et exigent la fin de la violence contre les femmes lors de la Journée internationale de la femme à Paris, en France, le 8 mars 2021.

Dans au moins 40 pays, les femmes journalistes ne se sentent pas en sécurité, selon un nouveau rapport publié par Reporters sans frontières (RSF).

La plupart des femmes journalistes ont cité le harcèlement sexuel comme le plus gros problème auquel elles sont confrontées dans leur pays d'origine.

Pour son rapport, RSF a sondé 150 journalistes dans 112 pays. Il en ressort que près de 85% des femmes sondées ont déclaré que le harcèlement était courant et 30% ont déclaré que cela conduisait souvent à une agression sexuelle.

Près de 80% des femmes journalistes interrogées ont déclaré être stressées à la suite d’harcèlements, 65% souffrent d'anxiété et 30% de dépression. Près de la moitié des journalistes interrogés ont dit craindre pour leur vie et 11% ont quitté leur domicile en conséquence.

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Cette hostilité ambiante pourrait contraindre les femmes à abandonner la profession de journaliste ou même l'éviter.

Au Tchad, sur 56 radios privées, il n’y a que 3 femmes responsables et une seule co-directrice de publication sur 29 journaux privés, selon des données de la Haute Autorité des Médias datant de 2020. Des tendances tout aussi alarmantes sont observées dans les médias d'État: seules deux femmes sont directrices générales et une seule est cheffe de station sur 25 stations provinciales.

"Nous avons une obligation pressante de défendre le journalisme de toutes nos forces contre les nombreux dangers qui le menacent, dont les brimades et agressions sexistes et sexuelles", a déclaré le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. "Il est impensable que les femmes journalistes endurent deux fois le danger et doivent se défendre sur un autre front, une lutte à multiples facettes puisqu'elle existe à l'extérieur de la salle de rédaction comme à l'intérieur".

Internet complique les choses

Le rapport a également souligné le rôle croissant joué par Internet dans la propagation de la violence contre les femmes journalistes. Près des trois quarts des journalistes interrogées ont déclaré que la plupart des violences sexistes se produisaient en ligne, suivies par le lieu de travail.

En conséquence, près de la moitié des journalistes interrogées ont déclaré s'être censurées en ligne et environ 43% d'entre elles ont fermé temporairement ou définitivement leurs comptes sur les réseaux sociaux.

En mai dernier, au Bénin, deux femmes journalistes qui dénonçaient le harcèlement sexuel qu'elles subissaient au travail ont été par la suite victimes d'insultes en ligne. "La religion de tous est devenue le silence dans la frustration", a conclu l'une d'entre elles.