Les Nations unies ont condamné "fermement" mardi l'intrusion la veille de militaires de l'armée congolaise dans ses installations à Kananga, dans le centre de la République démocratique du Congo, alors qu'ils tentaient d'y arrêter un journaliste.
"Nous demandons également au gouvernement congolais de s'assurer que les responsables de cet incident répondent de leurs actes et de prendre les mesures nécessaires pour que cela ne se reproduise plus", a déclaré le chef de mission des Nations unies en RDC (Monusco), Maman Sidikou, dans un communiqué.
"Un groupe de soldats, sous les ordres du général Marcellin Assumani, commandant des opérations dans la région des Kasaï, a forcé l'entrée de la base de la Monusco au prétexte de poursuivre un journaliste venu s'y réfugier", selon le texte.
"Les Nations unies sont préoccupées par ce très grave incident, d'autant plus que celui-ci s'est déroulé sous le commandement direct d'un officier supérieur", ajoute le texte, rappelant que les installations de sa mission sont "inviolables".
"La justice militaire pourchassait une personne présumée auteur d'une infraction de constitution de groupes armés qui a trouvé refuge dans les installations de la Monusco", a réagi auprès de l'AFP le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende. "C'est à l'intérieur qu'il a brandi une carte de journaliste. C'est faux de dire que les militaires ont forcé les portes de la Monusco", a-t-il déclaré, indiquant que les soldats congolais s'étaient "arrêtés à l'extérieur sans entrer".
"Si un criminel trouve refuge dans les installations de la Monusco, ça devient préoccupant. La Monusco doit remettre cette personne à la justice pour qu'elle soit poursuivie", a insisté M. Mende.
Lundi, le journaliste Diyi Tshitenge, opposant au président Joseph Kabila, s'est réfugié dans les installations de la Monusco alors qu'il était poursuivi par des militaires qui tentaient de l'arrêter, avait rapporté un correspondant de l'AFP.
M. Diyi Tshitenge voulait présenter en public un manifeste signé le 18 août à Paris par une dizaine d'associations et mouvements demandant une "transition citoyenne".
Arrivé sur les lieux, le général Assumani avait déclaré vouloir interdire la réunion pour des raisons de sécurité. "Vous voulez appeler la population à la révolte contre les institutions du pays", avait-il déclaré.
La Monusco estime que "les tracasseries et menaces dont les journalistes sont de plus en plus souvent la cible témoignent d'une restriction de l'espace de la liberté d'expression qui ne va pas dans le sens de la décrispation attendue".
La RDC traverse une crise politique aggravée par le maintien au pouvoir du président Kabila malgré la fin de son deuxième mandat le 20 décembre 2016. La Constitution lui interdit de se représenter.
Avec AFP