Le mot d'ordre de "carton jaune" au chef de l'État lancé par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement était largement suivi à Kinshasa, mais ignoré à Lubumbashi, la deuxième ville du pays.
A Kinshasa, les rues sont restées désertes toute la matinée. Les transports en commun publics ont circulé à vide alors que les minibus privés "207" étaient invisibles et la circulation pratiquement inexistante.
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La quasi-totalité des boutiques étaient fermées et la seule activité visible était celle des "mama ya mapa", vendeuses qui arpentent les rues avec une bassine chargée de pains sur la tête, et des stations-services, ouvertes, mais sans clients.
La mégapole de quelque dix millions d'habitants normalement grouillante et bruyante est apparue comme frappée de torpeur.
"Ce n'est qu'un avertissement ; le 19 décembre, tout est fini pour Kabila", a déclaré à l'AFP Mike Mukendi, chômeur de 30 ans.
La police et l'armée ont été déployées en force autour du Palais du peuple (Parlement) et dans plusieurs "quartiers chauds".
La police a déploré quelques "caillassages" de voiture et tentatives d'incendier des pneus sur la chaussée, mais la situation est restée globalement calme.
Lors de la dernière mobilisation du Rassemblement contre le pouvoir, 49 civils et 4 policiers avaient été tués, selon l'ONU, les 19 et 20 septembre à Kinshasa dans des violences dont les autorités et la coalition d'opposition se renvoient mutuellement la responsabilité.
A Lubumbashi, fief de l'opposant en exil Moïse Katumbi - une des têtes du Rassemblement - dans le sud-est du pays, l'activité était normale.
'Tu dois partir !'
Lundi et mardi, les autorités avaient exhorté sur les médias publics locaux "la population à vaquer normalement à ses occupations", avertissant que les fonctionnaires qui ne viendraient pas travailler mercredi seraient sanctionnés.
"La politique de villes mortes au Congo ne peut pas marcher car nous vivons au jour le jour", a déclaré à l'AFP Kyungu Kabulo, cambiste indépendant, en rappelant le lot quotidien d'une population largement sans ressources dans un des pays les moins développés de la planète.
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"Je suis d'accord avec les opposants", mais "j'ai une famille nombreuse à nourrir", a-t-il ajouté, "les dirigeants du Rassemblement qui nous demandent de rester à la maison, eux ils ont de l'argent, de quoi manger et leurs enfants sont en Europe".
Large coalition politique, le Rassemblement s'est constitué en juin autour de la figure de l'opposant Étienne Tshisekedi, président fondateur de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Le mandat du chef de l'État, au pouvoir depuis 2001, expire le 20 décembre et la Constitution lui interdit de se représenter.
Mardi, la majorité et une frange minoritaire de l'opposition ont signé un accord à l'issue de pourparlers qualifiés de "dialogue national" renvoyant l'élection présidentielle à avril 2018 et assurant le maintien de M. Kabila à son poste jusqu'à la prise de fonctions de son successeur.
L'UDPS a rejeté cet accord qui, selon elle "impose unilatéralement (à la tête de l'État) M. Kabila en violation flagrante de la Constitution" et a appelé à un "dialogue réellement inclusif" pour sortir le pays de la crise politique qu'elle traverse depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011 lors d'un scrutin marqué par des fraudes massives.
Dans l'est du pays, la ville de Bukavu, sur la rive sud du lac Kivu, a totalement ignoré l'appel du Rassemblement, selon le correspondant local de l'AFP.
Bukavu est le fief de Vital Kamerhe, un des dirigeants d'opposition ayant participé au "dialogue national" et qui fait figure de favori pour prendre la tête du gouvernement dans les prochaines semaines.
A Goma, ville jumelle de Bukavu sur la rive nord du lac, le mot d'ordre de "ville morte" a été diversement suivi, selon deux journalistes de l'AFP sur place. La circulation a été normale mais la majorité des boutiques est restée fermée.
En fin de matinée, 200 personnes ont manifesté sans incident majeur, carton jaune à la main, aux cris de "Le mandat est terminé ! Tu dois partir !"
La majeure partie de l'opposition, elle, continue à appeler à la résistance :
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Avec AFP