Ex-conseiller spécial du président Félix Tshisekedi en charge des questions stratégiques, Vidiye Tshimanga, 46 ans, est poursuivi pour "corruption passive", "trafic d'influence" et "offense au chef de l’État", selon l'acte d'accusation.
A la première audience devant le tribunal de paix de Kinshasa-Gombe, M. Tshimanga a comparu en personne, assisté de huit avocats, pour une affaire qui a éclaté en septembre, après la diffusion d'une enquête du site suisse d'information Le Temps.
Réalisée en partenariat avec le consortium de journalistes d'investigation OCCRP (Organized crime and corruption reporting project), cette enquête était basée sur des enregistrements en caméra cachée montrant des conversations entre M. Tshimanga et deux mystérieux "investisseurs" dans le secteur minier.
"Si nous faisons des affaires ensemble, je prendrai mon pourcentage de l'investissement et je gagnerai de l'argent, en travaillant", déclarait, en anglais, M. Tshimanga, en promettant à ses interlocuteurs de "protéger" leur investissement.
L’ex-conseiller insistait aussi sur sa proximité avec le président Tshisekedi, indiquant notamment avoir participé au financement de sa campagne électorale en 2018. "Si je demande (au président) quelque chose, il donne... Moi c'est le président...", disait-il. Ecroué pendant six jours en septembre, M. Tshimanga a ensuite bénéficié d'une liberté provisoire.
A l'ouverture du procès, la défense a soulevé des exceptions de procédure, dont celles de "l'inconstitutionnalité" de "l'offense au chef de l’État" et de "l'incompétence territoriale" du tribunal à juger des actes qui, selon elle, se sont passés en dehors de la RDC.
"Sans plainte, ni dénonciation", "sans victime", M. Tshimanga a été déféré devant le tribunal pour "des faits prétendument commis à l’extérieur du territoire", a dit Me Arthur Bomana, président du collectif des avocats de M. Tshimanga.
L'ex-conseiller est victime d'un "acharnement" du parquet, a insisté sa défense, qui a appelé le tribunal à se déclarer incompétent. Dans ses répliques, le procureur a soutenu que les faits de corruption s'étaient commis par vidéo conférence (2 fois) alors que M. Tshimanga était sur le territoire de la RDC.
"On veut une plainte de la victime ? La victime c'est l’État congolais, c'est la société congolaise. (Avec cette affaire), tous les Congolais ont vu le népotisme au sommet de l’État", a réagi le procureur Raymond Kalonda. Au terme des débats, l'affaire a été mise en délibéré. Le tribunal a prévu de rendre sa décision dans les 10 jours.