Réélu à la tête de la Zambie, Edgar Lungu face à une économie en grande difficulté

Le candidat présidentiel du Front patriotique Edgar Lungu et sa femme Esther se rendent à un rassemblement à Lusaka, Zambie, 19 janvier 2015.

Réélu à la tête de la Zambie pour un mandat de cinq ans, Edgar Lungu va avoir la lourde tâche de redresser l'économie d'un pays longtemps porteur d'espoir sur le continent africain mais qui paie aujourd'hui sa dépendance du cuivre dont les cours ont plongé.

Les taux de croissance supérieurs à 10% qu'affichait la Zambie dans les années 2000 appartiennent bel et bien au passé.

Si en 2015 le PIB de ce pays d'Afrique australe a tout de même progressé de 3,2% selon la Banque mondiale - sa plus faible croissance depuis 1998 -, la Zambie est en crise.

Elle traîne comme un boulet son ultra-dépendance au cuivre, dont elle est le deuxième producteur d'Afrique après la République démocratique du Congo voisine. Car depuis 2011, ce métal a perdu plus d'un tiers de sa valeur, entraînant la Zambie dans sa dégringolade.

"Nous ne pouvons pas perpétuellement compter sur le cuivre, l'économie doit se diversifier", constate l'analyste économique Oliver Saasa.

Des milliers d'emplois ont été supprimés dans les mines, notamment au sein du groupe suisse Glencore qui a drastiquement réduit sa production sur les sites du centre du pays.

Autre conséquence de cette chute du cuivre: la dépréciation de la devise zambienne. Si le kwacha s'est un peu repris en 2016, il a tout de même perdu 80% de sa valeur ces deux dernières années face au dollar, entraînant une forte inflation, au-delà de 20%.

Et le déficit public de la Zambie n'est pas plus rassurant puisqu'il devrait dépasser 8% du PIB en 2016, contre 4,6% en 2015.

Sous pression

Elu pour la première fois en 2015 afin d'achever le mandat de son prédécesseur et mentor Michael Sata, décédé en fonction, Edgar Lungu n'a pas eu beaucoup de temps pour redresser la situation.

"Le nouveau gouvernement va devoir travailler dur pour renouer avec la croissance. Un changement de politique est nécessaire pour inspirer la confiance", plaide Oliver Saasa.

En 2015, le gouvernement avait multiplié par trois les taxes sur les revenus miniers avant de finalement revenir sur cette décision, pour éviter de froisser les investisseurs et de les voir fermer des mines.

"Sous intense pression", selon le FMI, la Zambie a d'ailleurs laissé entendre en avril qu'elle pourrait bientôt demander de l'aide à l'institution internationale.

"Pour ces cinq prochaines années ce sera un travail intense, il n'y aura pas de lune de miel", a d'ores et déjà prévenu Edgar Lungu lors d'un meeting suivant sa réélection à la présidentielle du 11 août.

Pas de lune de miel donc pour la Zambie ni pour les 60% de sa population qui vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.

"Ma plus grande inquiétude, c'est le coût de la vie. Tout a augmenté dans le pays et le gouvernement doit nous aider", peste Morgan Zulu, un habitant de Lusaka qui a voté Lungu.

Le président devra également faire avec la terrible sécheresse qui perturbe la production hydroélectrique, entraînant des coupures de courant de plus de huit heures par jour depuis le mois de juin qui empêchent les entreprises de tourner à plein régime.

Avant de pouvoir pleinement s'attaquer à ces défis, Edgar Lungu devra néanmoins attendre que la justice le confirme dans ses fonctions.

Son principal rival, l'homme d'affaires Hakainde Hichilema battu de 100.000 voix (2,5%) à la présidentielle, conteste les résultats de l'élection et a déposé vendredi un recours devant la Cour constitutionnelle. Celle-ci a 14 jours pour s'en saisir et devrait statuer d'ici un mois.

Avec AFP