Des religieux en Allemagne soupçonnés d'espionnage pour Ankara

Des immigrés turcs en Allemagne lors d'une manifestation en faveur du président turc Recep Tayyip Erdogan à Cologne, le dimanche 31 juillet 2016

Les appartements de quatre religieux musulmans, soupçonnés d'avoir espionné en Allemagne des partisans du prédicateur Gülen pour le compte du régime du président turc, ont été perquisitionnés mercredi, selon le Parquet fédéral allemand.

Ils sont "soupçonnés d'avoir rassemblé des informations sur les partisans du mouvement Gülen et d'en avoir rendu compte au consulat général turc à Cologne", selon un communiqué du Parquet qui ne précise pas la nationalité des suspects.

Selon l'édition en ligne du Spiegel, il s'agit d'imams du Ditib, la principale organisation de la communauté turque musulmane en Allemagne directement contrôlée par Ankara.

Les quatre religieux sont soupçonnés d'avoir agi suite à une injonction de la Direction turque des Affaires religieuses (Diyanet), qui dépend directement des services du Premier ministre turc, datant du 20 septembre et dans laquelle le mouvement du prédicateur Fetullah Gülen, qui vit en exil aux Etats-Unis, est rendu responsable du coup d'Etat manqué du 15 juillet en Turquie.

L'objectif de ces perquisitions, qui ont eu lieu en Rhénanie du Nord-Westphalie et en Rhénanie-Palatinat, est de "trouver d'autres preuves" de l'implication de ces quatre religieux, selon la même source.

Selon le chef du Renseignement en Rhénanie du Nord-Westphalie, au moins 13 imams du Ditib dans cette région ont livré des noms de sympathisants du mouvement Gülen à Ankara, rapporte le Spiegel.

Fethullah Gülen est désigné par la Turquie comme l'instigateur du coup d'Etat raté, ce que l'intéressé dément catégoriquement. Les procédures judiciaires lancées après le putsch avorté sont d'une ampleur sans précédent en Turquie, où plus de 43.000 personnes ont été arrêtées dans des purges engagées après le 15 juillet et l'instauration de l'état d'urgence.

La communauté turque d'Allemagne, la plus importante dans le monde hors de Turquie, est secouée par de gros remous depuis ces évènements. Les autorités allemandes ont à plusieurs reprises mis en garde contre l'"exportation" des conflits turcs sur le sol allemand.

Les Turcs vivant en Allemagne entretiennent des liens étroits avec leur pays d'origine au point que le président Recep Tayyip Erdogan a tenu plusieurs meetings électoraux à Berlin ou Cologne.

Le Premier ministre Binali Yildirim est attendu samedi à Oberhausen, dans la Ruhr, pour un rassemblement dans le cadre du référendum du 16 avril sur la réforme constitutionnelle renforçant les pouvoirs de M. Erdogan, selon la presse.

Le Ditib gère quelque 900 mosquées ou communautés en Allemagne. Ses imams sont des fonctionnaires de l'Etat turc envoyés pour trois à quatre ans par Ankara.

Avec AFP