Les violences communautaires se poursuivent en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, où au moins 49 personnes ont été tuées dans la nuit de jeudi à vendredi.
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Avant ce dernier massacre, l'Unicef avait documenté 76 cas de personnes tuées à l'arme blanche depuis décembre en Ituri.
Les affrontements interethniques ont repris en Ituri, province du nord-est de la RDC, faisant craindre une situation similaire aux violences ayant fait au moins 50.000 morts et 500.000 déplacés entre 1999 et 2013.
Les deux principales ethnies de la province s’affrontent : les Hema et les Lendu.
Les derniers affrontements ont été enregistrés mercredi à Drodro, à 80 kms de Bunia, chef-lieu de la province, indique dans une interview à VOA Afrique, Florence Marchal, porte-parole de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco). Le bilan n’est pas connu.
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Dans cette région riche en minerais (or notamment) et en pétrole, les affrontements interethniques ont déplacé "plus de 100.000 personnes" depuis décembre, "tandis que plus de 30.000 autres ont fui la province pour l’Ouganda voisin", affirme pour sa part Yves Willemot de l’Unicef.
" Environ 80.000 enfants en déplacement (…) ont quitté leurs villages et leurs communautés d’origine suite à ces violences", précise, par ailleurs, M. Willemot.
Les affrontements opposent les Lendu, agriculteurs de tradition, et les Hema, pasteurs. Les deux ethnies, à côté desquels vivent les Twa (pygmées), sont en conflit depuis de longues années.
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Cette résurgence des violences dans l’Ituri est préoccupante pour l’ONU, admettent les deux sources onusiennes.
La Monusco a même installé dans la région deux bases militaires. L’Unicef y a, quant à elle, déployé des équipes de sensibilisation.
La situation reste confuse pour les humanitaires.
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Le gouvernement y a récemment dépêché une mission.
Le Vice-Premier ministre congolais chargé de l’Intérieur, M. Emmanuel Ramazani Shadari, a annoncé, avant son remplacement en fin de semaine dernière, une enquête ainsi qu’une opération de l’armée sur place.
M. Sahadari avait averti les habitants de la province de ne pas se laisser "exploiter par ceux qui ne veulent pas d’élections en RDC".
A travers sa mission en RDC, l’Onu a, elle aussi, annoncé l’ouverture d’une enquête.
"Nous menons en tant qu’Unicef des activités de sensibilisation auprès des groupes armés et des milices pour les convaincre de ne pas utiliser les enfants. Nous menons aussi des activités de sensibilisation auprès de communauté pour les informer du risque de voir leurs enfants enrôlés ou utilisés au niveau des groupes armés et des milices", a révélé M. Willemot.
L’Ituri est l’une des régions en RDC où le plus d’enfants ont été recrutés comme combattants ou esclaves sexuels, durant les affrontements de 1999-2003.
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Ni le gouvernement congolais, ni les Nations unies ne sont en mesure, aujourd’hui, de dire si les enfants ne sont pas directement impliqués dans les affrontements en cours dans le nord-est de la RDC. Car la situation reste confuse, a admis, sous anonymat, un autre agent humanitaire de l’ONU.
L’Unicef a tout de même publié un rapport faisant état d’enfants utilisés comme soldats en RDC en général, et expliquant qu’il n’existe pas de statistiques précises en ce moment.
Cette agence onusienne et ses partenaires estiment que, dans la seule région du Kasaï, entre 5.000 et 10.000 enfants ont été associés aux milices. Le phénomène d’enfants soldats reste également très répandu dans la province du Nord-Kivu, où les groupes armés sont de plus en plus nombreux, poursuit le document.
Seize villages sont touchés par les violences en Ituri.
En janvier, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de la RDC, Corneille Nangaa, avait mis en garde du risque que ces affrontements compromettent les élections prévues pour le 23 décembre.
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Au moins 200 personnes ont été tuées depuis décembre, 300 000 déplacées, et plus de 2 000 cases incendiées, selon Jean-Bosco Lalo, président de la société civile de l’Ituri.
Plus de neuf groupes armés ou milices se sont violemment affrontés entre 1999 et 2003 en Ituri. Mais le conflit s’était apaisé et des leaders de ces groupes ont été les premiers clients de la Cour pénale internationale, où ils sont, pour certains, encore jugés, tandis que d’autres, comme Thomas Lubanga, purgent leur peine.