Rifaat al-Assad, oncle du président syrien, inculpé à Paris pour détournement de fonds

Rifaat Al Assad, l'oncle du président syrien, est inculpé de détournement de fond le 9 juin 2016.

L'ancien vice-président de Syrie Rifaat al-Assad, oncle du président Bachar al-Assad, a été inculpé en France, où il est soupçonné d'avoir bâti une fortune immobilière grâce à des détournements de fonds publics.

Frère de l'ancien président syrien Hafez al-Assad, qui l'avait écarté du pouvoir dans les années 80, Rifaat al-Assad, 78 ans, a été inculpé le 9 juin pour recel de détournement de fonds publics, blanchiment, ainsi que travail dissimulé pour des salaires d'employés non déclarés, selon une source proche de l'enquête.

Le juge d'instruction a délivré un mandat pour qu'il lui soit amené, selon cette source.

Dans un communiqué, l'ONG Sherpa, spécialisée dans la défense des victimes de crimes économiques et qui avait déposé plainte en 2013 et 2014 dans cette affaire de "biens mal acquis", s'est félicitée de cette "avancée".

En exil depuis les années 80, partageant sa vie entre la Grande-Bretagne, la France et l'Espagne, Rifaat al-Assad est accusé par Sherpa de s'être bâti une fortune considérable grâce à l'argent issu de la corruption et de détournements de fonds en Syrie.

Dans un rapport de 2014 dont l'AFP a eu connaissance, les enquêteurs des douanes estimaient à environ 90 millions d'euros la valeur globale du patrimoine immobilier détenu en France par Rifaat al-Assad et sa famille, au travers notamment de sociétés luxembourgeoises. Ils avaient identifié quatre épouses officielles et une dizaine d'enfants.

L'inventaire comprenait un château et un haras dans la banlieue parisienne et plusieurs biens immobiliers dans les quartiers les plus riches de Paris, dont des hôtels particulier ou deux immeubles entiers, ou encore des bureaux à Lyon. Des biens acquis entre 1984, année de son arrivée en France avec sa suite, et 1988, selon les enquêteurs.

Entendu une première fois en 2015, Rifaat al-Assad avait répondu que les fonds venaient du prince héritier et futur roi Abdallah d'Arabie saoudite dans les années 80, tout en assurant n'avoir pas géré lui-même ces acquisitions.

Mais aux yeux du juge, Rifaat al-Assad ne fournit qu'un justificatif pour un don de dix millions de dollars en 1984, "sans rapport avec sa fortune actuelle et son important train de vie", qui ne peuvent "s'expliquer que par des ressources occultes très importantes", a affirmé à l'AFP une source proche de l'enquête.

Rifaat al-Assad a longtemps été le bras droit de son frère aîné Hafez (père du dirigeant actuel Bachar). Accusé d'avoir mené la sanglante répression contre les Frères musulmans et notamment l'assaut sur la ville syrienne de Hama en 1982, il est tombé en disgrâce et a été contraint à l'exil deux ans plus tard.

Avec AFP