La police anti-émeute de Bahreïn a pris d’assaut, dans la nuit de mercredi à jeudi, Pearl Square, la principale place de Manama, la capitale, où des centaines de manifestants anti-gouvernementaux campaient depuis trois jours pour exiger de profondes réformes. Les policiers ont utilisé du gaz lacrymogène et tiré à balles en caoutchouc pour les disperser.
Un témoin a affirmé à la chaîne de télévision Al-Jazeera que des femmes et des enfants se trouvaient dans la foule. De nombreux blessés ont été évacués vers les hôpitaux locaux.
La police avait observé une certaine retenue mercredi, lorsque des dizaines de milliers de Bahreinis s’étaient rassemblées à Manama. A la tombée de la nuit, la foule jubilante, composée à majorité d’activistes chiites, avait dramatiquement augmenté à Pearl Square.
Plusieurs centaines de ces manifestants avaient pris part, dans la journée, aux obsèques de l’un de leurs deux camarades tués depuis lundi.
Les leaders chiites de l’opposition ont assuré, mercredi, qu’ils ne sont pas du tout intéressés par l’instauration d’une théocratie à l’iranienne.
Selon le Wall Street Journal, sept groupes de l’opposition, y compris le parti Wefaq à majorité chiite, ont annoncé la formation d’un comité chargé de coordonner les manifestations et à unifier les demandes des manifestants.
La famille Khalifa, qui dirige Bahreïn depuis le 18e siècle, est sunnite et a toujours eu des relations tendues avec les chiites, qui constituent 70% de la population nationale. Ainsi, l’émir préfère recruter des étrangers dans la police plutôt que des citoyens chiites.