Les deux parties "vont droit à la collision" au sujet de ces élections, alors que le gouvernement fédéral a reporté sine die le scrutin prévu fin août à l'échelle du pays en raison de l'épidémie de nouveau coronavirus, a prévenu le cercle de réflexion.
Les opposants de M. Abiy, prix Nobel de la Paix 2019, l'accusent de vouloir tirer parti de la situation sanitaire pour s'accrocher au pouvoir.
Lire aussi : Le TPLF, ex-parti dominant en Ethiopie, fête ses 45 ans dans l'incertitudeParmi eux figure le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), autrefois dominant dans la coalition au pouvoir à Addis Abeba et marginalisé par Abiy Ahmed depuis son entrée en fonction en 2018.
Le TPLF reste toutefois au pouvoir au Tigré et a poussé pour la tenue d'élections au plan régional, malgré les objections venues d'Addis Abeba.
La commission électorale régionale du Tigré a annoncé vendredi, sur son site Facebook, que ces élections "historiques" auraient lieu le 9 septembre.
"Pour mettre fin à l'impasse, le Tigré devait suspendre ses élections, et Addis Abeba devrait accepter de dialoguer avec le Tigré pour trouver une solution à cette querelle électorale et dissiper les causes sous-jacentes de leur acrimonie déstabilisatrice", a fait valoir ICG.
Lire aussi : Ethiopie: les Sidama attendent les résultats du référendum d'autodéterminationEn juillet, M. Abiy a exclu toute intervention militaire ou coupe budgétaire pour empêcher la tenue des élections au Tigré. Mais tous les responsables fédéraux ne se sont pas montrés aussi conciliants et, selon l'ICG, le risque d'un conflit qui serait "catastrophique" est toujours présent.
L'autre risque est la tentation pour le Tigré de faire sécession de l'Éthiopie, ce qui pourrait entraîner des complications avec la région Amhara voisine concernant des territoires que les deux États se disputent, souligne aussi l'ICG.
Les relations entre M. Abiy et le TPLF n'ont cessé de se dégrader depuis 2018.
Lire aussi : Ethiopie: au Tigré, la colère enfle à l'égard d'Abiy AhmedRécemment, des responsables fédéraux ont accusé le TPLF d'être impliqué dans le meurtre en juin d'Hachalu Hundessa, un populaire chanteur d'ethnie oromo. Le TPLF a dénoncé des "accusations sans fondement".
La mort d'Hachalu a déclenché des violences intercommunautaires dans lesquelles 239 personnes ont trouvé la mort, mettant une nouvelle fois en évidence le défi sécuritaire auquel est confronté M. Abiy dans ce pays de 110 millions d'habitants.
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