Le Shakespeare's Globe de Londres présente une version moderne de la pièce de théâtre “Antoine et Cléopâtre” (Antony and Cleopatra) de William Shakespeare, avec douze acteurs utilisant la langue des signes britannique.
Ceux jouant les Romains utilisent l'anglais parlé, tandis que ceux incarnant les Égyptiens utilisent la langue des signes britannique.
« C'est vraiment, vraiment excitant, mais c'est un défi. Pour nous, la chose la plus importante à raconter, c’est l'histoire de Shakespeare. Et il s'agissait de deux langues, de deux cultures, de deux groupes de personnes différents, de l'Est et de l'Ouest. L'homme et la femme. Il y a aussi des dynamiques de pouvoir et il s'agit de réfléchir à ces oppositions et à la manière dont nous les transmettons. Et nous avons fusionné cela avec l'histoire. Je pense donc que c'est ce qui a constitué le défi. La traduction », confie l’actrice Nadia Nadarajah.
Il a fallu plus d'une semaine pour traduire le texte en gestes. Chaque représentation est sous-titrée pour aider le public à comprendre la prose et les vers de Shakespeare.
« Je pense que c'est très utile. Utile pour nous. Pour le public. Parfois, Shakespeare peut être assez difficile. Les gens ne sont pas toujours sûrs de ce qu'ils disent. En fait, dans cette production, l'Égypte est un pays gestuel dont la première langue est la langue des signes. Rome est dirigée par la voix. Nous avons trouvé que cela correspondait parfaitement à l'univers de la pièce. C'est très lisible pour le public, qu'il connaisse Shakespeare ou non. Et c'est un moyen fantastique d'ouvrir la pièce à un public plus large », dit l’acteur John Hollingworth.
La langue des signes dans le cursus scolaire
Au Royaume-Uni, il est prévu d'introduire la langue des signes dans le cursus des écoles secondaires, ce dont Nadia Nadarajah se réjouit.
« Les personnes sourdes ont un handicap invisible. On ne sait pas que quelqu'un est sourd. Donc, s'il y a une urgence dans une gare, le fait que n'importe qui au sein de la communauté puisse potentiellement faire un signe à un membre sourd, je pense que c'est vraiment, vraiment important. Et il est important qu’il n’y ait pas de citoyens de seconde classe. Il s'agit d'être un citoyen de première classe », dit-elle.
Environ 150.000 personnes utilisent la langue des signes au Royaume-Uni, dont 25.000 en feraient leur langue principale, selon le Royal National Institute for Deaf People.