Plusieurs heures avant leur réouverture, des clients portant un masque et souvent gantés ont commencé à faire la queue devant les supermarchés. A 09h00 locales (05h00 GMT), heure d'ouverture prévue, les files s'étiraient déjà parfois sur des centaines de mètres.
Les clients respectaient dans la rue la distance de sécurité d'un mètre entre eux, se laissaient docilement prendre la température au moment d'entrer dans le magasin, puis suivaient le parcours dûment tracé pour eux à l'intérieur.
Prakash Beeharry, un instituteur, a expliqué à l'AFP être chanceux que son nom de famille commence par un B. Le gouvernement a divisé la population en trois groupes par ordre alphabétique et chacun n'est autorisé à faire des courses que deux jours par semaine. Les supermarchés resteront fermés le dimanche.
Lire aussi : Coronavirus : un avion d'Alitalia bloqué à son atterrissage à l'Ile Maurice"Mon voisin, Mr Jayen Veerasamy, doit attendre deux jours de plus avant de pouvoir venir au supermarché", a-t-il déclaré. "J'ai fait la queue à partir de 06h00 et j'ai réussi à rentrer dedans à 10h00. On n'avait que 30 minutes pour prendre toutes les courses. Ce n'était pas facile. J'ai 45 ans et je n'ai jamais vu ça (...) J'espère que les choses ne vont pas empirer."
Le gouvernement a mis en place des règles très strictes. Le port du masque est obligatoire. Une seule personne par famille est autorisée à l'intérieur et des restrictions sont prévues sur le nombre de paquets de riz, farine, lait ou huile, notamment, que chaque client peut emporter.
Le ministre du Tourisme, Joe Lesjongard, qui a supervisé cette réouverture, avait expliqué mardi que le gouvernement avait conscience que la population commençait "à manquer de provisions".
Les 1,3 million habitants de l'île Maurice, située à environ 1.800 km au large de la côte orientale de l'Afrique, sont confinés chez eux depuis le 20 mars. Le pays est le plus touché d'Afrique de l'Est, avec 161 cas confirmés de coronavirus et sept décès.
Le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, avait annoncé quelques jours plus tard fermer les supermarchés, boutiques et boulangeries, jugeant la situation "extrêmement grave" et voyant là "la seule façon d’arrêter la propagation du virus".
Mais cette décision a été critiquée dans l'île, car si la classe moyenne et supérieure a eu le temps de se préparer à la fermeture des supermarchés en faisant des réserves, les moins aisés se sont vite retrouvés en manque de provisions.
"On n’aurait jamais dû fermer les supermarchés", a ainsi estimé l'opposant Paul Bérenger, pendant que le leader de l'opposition, Arvin Boolell, disait craindre "une crise sociale".