David Kabuye est le mari de Rose Kabuye, ancienne chef du protocole de la présidence rwandaise, apparemment tombée en disgrâce. M. Kabuye a été arrêté en août 2014, en même temps que deux personnalités du premier cercle du pouvoir rwandais: le colonel Tom Byabagamba, ex-chef de la garde présidentielle, et le général en retraite Frank Rusagara, ancien secrétaire général du ministère de la Défense.
"Le Parquet a demandé 15 ans de prison pour incitation au soulèvement ainsi que six mois de prison pour injures publiques", a déclaré Me Ndayambaje, précisant que le verdict était attendu le 15 décembre.
L'accusation reproche à M. Kabuye des propos présumés tenus entre août 2014 et février 2015, alors que l'accusé purgeait une peine de six mois d'emprisonnement pour détention illégale d'arme à feu.
Selon le Parquet, M. Kabuye a affirmé en prison que les mystérieux cadavres retrouvés en août 2014 dans les eaux burundaises du lac Rweru, à la frontière avec le Rwanda, "étaient des personnes enlevées au Rwanda et en Ouganda". Il est également accusé d'avoir dit que le président rwandais Paul Kagame "se débarrassait" des personnalités l'ayant aidé à prendre le pouvoir en 1994 et qu'il allait "perdre sa Nation".
Selon l'accusation, David Kabuye aurait aussi affirmé qu'un récent documentaire de la BBC sur le génocide de 1994, accusé de "négationnisme" par Kigali, disait vrai. Intitulé "L'Histoire jamais contée du Rwanda", ce documentaire multiplie les critiques contre le président rwandais.
"Nous avons plaidé non-coupable et demandé l'acquittement", a réagi Me Ndayambaje. "Les accusations sont non fondées", car le procureur n'a pas présenté de "preuves matérielles" mais de simples témoignages de codétenus, a-t-il ajouté.
Durant son procès, M. Kabuye a qualifié ces accusations de représailles à un rapport qu'il dit s'apprêter à publier sur la "corruption" et le "trafic" dans la prison où il était détenu.
Le colonel Byabagamba et le général Rusagara sont actuellement jugés parallèlement par un tribunal militaire pour "incitation au soulèvement". L'arrestation de ces trois personnalités éminentes du cénacle du pouvoir rwandais avaient soulevé de nombreuses questions, les observateurs évoquant diverses hypothèses: fébrilité du régime, complot déjoué ou remise au pas de forte têtes.
Avec AFP