Rwanda : arrestation du vice-président du FDU, parti de l'opposante emprisonnée Victoire Ingabire

Victoire Ingabire (AP)

Boniface Twagirimana a été arrêté vendredi dans le cadre d'une "enquête pour des crimes qu'il a commis", selon la police, qui n'a pas donné de précisions. Son parti dénonce une "violation continue du droit d'expression au Rwanda".

Le vice-président du FDU (Forces démocratique unifiées​), parti de l'opposante emprisonnée Victoire Ingabire​ non reconnu par les autorités rwandaises, a été arrêté vendredi 4 décembre.

Boniface Twagirimana "est au poste de police depuis hier (vendredi) matin, il fait l'objet d'une enquête pour des crimes qu'il a commis (...) Il y a des accusations auxquelles il doit répondre", a déclaré à l'AFP Celestin Twahirwa, porte-parole de la police rwandaise, refusant de révéler les motifs exacts pour lesquels il est interrogé.

Les FDU ont dénoncé dans cette arrestation une "violation continue du droit d'expression au Rwanda", l'estimant liée à une récente critique de Boniface Twagirimana sur la révision constitutionnelle adoptée le 17 novembre par le Parlement et qui doit être ratifiée par référendum. Une disposition permet au président Paul Kagame de se représenter en 2017 - ce que ne lui permettait pas le texte actuel - et de potentiellement diriger le pays jusqu'en 2034.

"Cette arrestation fait partie de l'arsenal répressif en vue d'intimider la population rwandaise pour qu'elle adhère inconditionnellement au coup d'Etat constitutionnel qui sera consacré par le référendum", estiment les FDU dans un communiqué.

Les débats constitutionnels, une "mise en scène"

En juillet, M. Twagirimana avait affirmé sur RFI que les débats constitutionnels au Parlement étaient une "mise en scène pour montrer qu'il y a eu une discussion".

Les autorités rwandaises avancent que la révision constitutionnelle est le fruit d'une initiative populaire, quelque 3,7 millions de Rwandais ayant signé des pétitions pour demander un maintien au pouvoir de Paul Kagame, 58 ans.

"Dans ce climat où la population rwandaise n'est pas permise de penser autre chose ou de critiquer, dire qu'ils ont écrit une pétition c'est un mensonge", avait également lancé M. Twagirimana sur RFI.

De nombreux observateurs doutent de la spontanéité du mouvement populaire et y voient une manœuvre orchestrée par les autorités, dans un pays régulièrement épinglé pour ses atteintes à la liberté d'expression et son peu d'ouverture politique.

En juillet, Boniface Twagirimana avait également dénoncé les conditions de détention de Victoire Ingabire, présidente des FDU condamnée à 15 ans de prison en décembre 2013 pour "conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre", "minimisation du génocide de 1994" et "propagation de rumeurs dans l'intention d'inciter le public à la violence".

Avec AFP