Burundi : le Rwanda ne prendra pas part à la mission de paix de l'UA

An aerial view of the main building of the Moscow State University, Luzhniki Stadium and the Moskva River, Russia.

Alors que les relations entre Kigali et Bujumbura sont au plus bas, le président rwandais Paul Kagame a déclaré mardi soir que son pays pouvait "contribuer sous une autre forme", sans préciser laquelle.

Le Rwanda n'enverra pas de troupes de maintien de la paix au Burundi, son voisin confronté à une grave crise politique depuis près de huit mois, mais essaiera de contribuer "sous une autre forme" à y réduire les violences, a déclaré mardi 22 décembre au soir le président rwandais Paul Kagame.

"Nous avons dit clairement (...) que nous ne prendrons pas part à cela", a-t-il déclaré en référence au déploiement annoncé par l'Union africaine (UA) d'une force de maintien de la paix au Burundi.

"Mais nous pouvons contribuer sous une autre forme", a-t-il ajouté sans plus de précisions.

Les relations entre le Rwanda et le Burundi sont au plus bas, Bujumbura accusant Kigali de soutenir ses opposants, voire de servir de base arrière à une rébellion naissante.

L'UA a annoncé en fin de semaine passée le déploiement d'une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu), forte de 5 000 hommes et pour une durée de six mois renouvelables.

"Force d'invasion et d'occupation" selon le Burundi

Mais le gouvernement burundais en a rapidement rejeté le principe et prévenu que si l'UA devait mener à bien ce déploiement sans son aval, cette mission serait alors considérée comme une "force d'invasion et d'occupation".

"Ce qui me semble plus important c'est de répondre à la question de savoir comment on peut aider le Burundi à trouver une solution politique", a repris M. Kagame.

"Ce n'est pas essentiellement un problème militaire, même si nous voyons beaucoup de choses se dérouler qui pourraient nécessiter une certaine forme d'intervention pour réduire les armes au silence", a-t-il estimé.

Le président rwandais a balayé les accusations du Burundi et de certaines ONG selon lesquelles son pays mettrait sur pied une rébellion en recrutant dans les camps de réfugiés burundais sur son sol.

La semaine dernière, l'ONG Refugees International (RI) avait dénoncé le "recrutement de réfugiés burundais à l'intérieur du camp de réfugiés de Mahama (dans le sud-est du Rwanda), par des groupes armés non-étatiques"

Plus de 70 000 Burundais, selon l'ONU, ont fui au Rwanda depuis le début des violences dans leur pays, provoquées par l'annonce fin avril de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, que l'opposition, la société civile et une partie de son propre camp jugent contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha ayant permis la fin de la guerre civile (1993-2006).

Kagame dénonce les "manoeuvres politiciennes"

"Nous avons dit aux gens de mener leurs enquête et de trouver qui est allé où et comment", a assuré M. Kagame. "Nous n'avons pas vu la plus petite preuve de ça (que les accusations soient avérées, NDLR), donc il y a beaucoup de manoeuvres politiciennes derrière tout ça."

"J'ai personnellement exprimé mes sentiments et dénoncé ce qui se passe au Burundi" a-t-il ajouté. "En particulier, que ça coûtait beaucoup de vies et que ça risquait d'avoir des répercussions chez nous tous."

La mise en échec d'un coup d'Etat en mai au Burundi, la répression brutale de six semaines de manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura à la mi-juin et la réélection de M. Nkurunziza lors d'un scrutin controversé à la mi-juillet n'ont pas empêché l'intensification des violences, désormais armées.

La communauté internationale s'inquiète depuis plusieurs mois des possibles "conséquences dévastatrices" de cette crise pour le Burundi, dont l'histoire post-coloniale est jalonnée de massacres entre Hutu et Tutsi, mais aussi au-delà pour la région très instable des Grands lacs.

Avec AFP