Le Rwanda poursuit en justice 20 officiers français accusés d'être impliqués dans le génocide

Hassan Bubacar Jallow, chef-procureur de l'ONU pour le tribunal criminel international pour le Rwanda (ICTR) à Nairobi, Kenya, le 28 septembre 2006.

Dans un communiqué, le bureau du Procureur général a annoncé "une enquête ouverte sur la criminalité" de 20 officiers français accusés d'avoir été impliqué dans le génocide de 1994.

"L'enquête, pour l'instant, porte sur 20 personnes qui, selon les informations recueillies jusqu'à présent, sont tenues par l'autorité d'expliquer ou de clarifier les allégations formulées à leur encontre, afin de permettre aux autorités de tirer voir si les officiers devraient être mis en accusation ou non ", explique le communiqué.

Le Rwanda accuse depuis des années la France de participation au génocide, qui a fait environ 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi. L'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion présidentiel, au cours duquel fut tué le président hutu Juvénal Habyarimana, est considéré comme l'événement déclencheur de ce génocide.

Mais la relation houleuse entre les deux pays a pris un nouveau tournant depuis que la justice française a rouvert une enquête afin d'entendre le témoignage d'un ancien chef d'Etat-major rwandais, qui accuse l'actuel président Paul Kagame d'avoir été l'instigateur de l'attentat contre M. Habyarimana.

Selon la CNLG, la récente décision française de relancer l'enquête sur l'attentat contre l'avion de M. Habyarimana le 6 avril 1994 "vise à camoufler" la responsabilité française dans le génocide.

Cette commission a dressé une liste de 22 officiers supérieurs français qu'elle accuse de complicité mais aussi de participation aux massacres. "Des acteurs français ont été impliqués dans le génocide en tant qu'auteurs et complices", affirme la CNLG.

Parmi eux, le général Jacques Lanxade, ancien chef d'Etat-major de l'armée française, et le général Jean-Claude Lafourcade, qui commandait la force Turquoise déployée le 22 juin 1994 au Rwanda sous mandat de l'ONU.

Au Rwanda, une commission d'enquête a imputé l'attentat contre M. Habyarimana à des extrémistes hutu voulant se débarrasser d'un président jugé trop modéré.