Depuis la saisie et l'autorisation de la vente aux enchères de l’avion du président Denis Sassou Nguesso en France, plusieurs réactions alimentent le discours populaire à Brazzaville.
Le litige date pourtant de la fin des années 1990. Mais il revient fréquemment à la surface quand l’homme d’affaires Moshen Hojeij pose un acte contre le Congo.
Your browser doesn’t support HTML5
A Brazzaville, des voix s’élèvent pour soutenir le règlement définitif de cette affaire. Alain Akouala, ancien ministre de la communication du président Sassou N’Guesso, appelle à l’audit de cette dette, aujourd’hui fixée à plus d’un milliard d’euros, soit environ 655 milliards de francs CFA.
"Ce qui serait raisonnable, c’est de faire une espèce de péréquation : regarder ce que le Congo lui doit. Raisonnablement, on ne peut pas passer d’un million d’euros à un milliard d’euros, même si la justice internationale est intervenue", soutient-il.
"En tant que Congolais, je considère que c’est indigne ce qu’on fait à notre pays", déplore l'ancien ministre.
Lire aussi : La justice française ordonne la vente aux enchères d'un avion du président congolais Denis Sassou Nguesso
La saisie et la vente aux enchères de l’avion présidentiel décidées en juin dernier par un juge français n'est qu'une énième attaque.
Elle intervient au terme d’une procédure qui aurait démontré que l’avion saisi n’avait pas de statut diplomatique, puisque le chef de l’Etat congolais ne l’utilise essentiellement que pour ses déplacements à l’intérieur du pays.
Mais, pour le politologue Constant Blanc Ebara Pea, le Congo peut encore faire appel devant un autre juge français. "Il y a encore des voies de recours. Donc on peut espérer, car les avocats maîtrisent bien le dossier", explique-t-il.
Ces dernières années, la crise financière a révélé une dette insoutenable pour le Congo dont plus de 40% de créances sont détenues par la Chine. Les traders eux refusent de négocier.
L’économiste Assen Bozire estime que le Congo risque gros. "Si nous n’arrivons pas à rembourser, cela veut dire que plus personne ne pourrait nous prêter de l’argent. Et ceux qui nous ont déjà fait des prêts vont tout faire pour recouvrer leur argent, même en nous trainant devant les tribunaux, ce qui est humiliant", indique l’économiste.
Pour l’analyste Alphonse Ndongo, ce genre de saisies des biens de l’Etat a déjà eu lieu par le passé. Il cite la saisie des comptes de dépôt du port autonome de Pointe-Noire, et aussi celle des avions de la compagnie Ecair en France.
"Heureusement qu’il a été prouvé par des artifices financiers que cet argent ou ces biens n’appartenaient pas directement au trésor public congolais", souligne Alphonse Ndongo.
Par ailleurs, les opérateurs économiques nationaux s'activent pour obtenir le paiement de la dette intérieure. Cette dette n’a toujours pas été évaluée, selon le Fonds monétaire international. En début de cette année, des titres de paiement ont été remis aux opérateurs économiques, mais personne n’est encore passé au guichet.