Plus de 3.000 cas ont été recensés ces derniers mois dans la région de Drâa-Tafilalet - située aux portes du désert, par-delà les massifs de l'Atlas-, a déclaré à l'AFP le Dr Bouhout Souad, chef du service "Maladies Parasitaires" à la Direction Épidémiologie du ministère de la Santé.
"Nous observons une augmentation du nombre de patients atteints dans cette région (...) c'est un problème de santé publique", alerte le Dr Souad en précisant que d'autres régions sont touchées à "des degrés moindres".
Cette affection, qui provoque des lésions cutanées pouvant laisser des cicatrices indélébiles voire des handicaps sévères, se transmet par la piqure des phlébotomes femelles, elles-mêmes infectées par certains animaux qui leurs servent de "réservoirs naturels", selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Dans le sud marocain, ce sont les rats bruns.
"Les conditions d'hygiène favorisent le pullulement du vecteur de la maladie, le phlébotome et celle du rongeur +réservoir+ qui se nourrit de déchets ménagers", souligne le Dr Souad.
Des campagnes de détection, de sensibilisation et de traitement sont menées dans la région Drâa-Tafilalet, avec plus de 200.000 personnes examinées depuis octobre dernier, notamment dans les écoles.
Des équipes ont animé des sessions de sensibilisation sur "l'importance de la propreté des quartiers" et des "opérations de lutte" contre les rongeurs ont été lancées avec du blé empoisonné, selon un communiqué du ministère de la Santé.
Sur les réseaux sociaux, les habitants des localités touchées diffusent massivement des photos d'enfants atteints, le visage ou les mains marqués par des lésions, en appelant à une plus grande mobilisation des pouvoirs publics.
"Il y a une propagation inquiétante, avec parfois plusieurs cas dans un même foyer", a affirmé à l'AFP un acteur associatif local.
"Le personnel médical est en sous-effectif. Les gens ici demandent une vraie mobilisation du gouvernement, avec l'implication de tous les départements concernés", a-t-il ajouté. Au ministère de la Santé, on insiste aussi sur "l'importance de renforcer l'action intersectorielle" pour lutter contre les parasites.
Selon l'OMS, il y aurait chaque année entre 700.000 et 1 million de nouveaux cas de leishmaniose dans le monde, avec "une petite proportion des sujets infectés" qui développent la maladie.
Avec AFP