Scandale Miss Sénégal: une pétition, 70 000 signatures et zéro inculpation

Le collectif des femmes du Sénégal devant le tribunal de Dakar, le 24 novembre 2021.

Des accusations de viol et proxénétisme touchent le comité Miss Sénégal et le monde de la mode. Une pétition en ligne a déjà recueilli près de 70.000 signatures. Les femmes de tous bords se sont mobilisées dans l’espoir de faire bouger les choses.

L’onde de choc secoue le Sénégal depuis plusieurs jours. Fatima Dione, lauréate du concours Miss Sénégal 2020, a affirmé avoir subi un viol suivi d’une grossesse dont elle impute la responsabilité à Amina Badiane, organisatrice du concours de beauté.

"Si on te viole, c’est que tu l’as bien cherché", ces propos tenus par la promotrice ont fortement ému à travers le Sénégal.

"On était tous sidérés par ses propos, c'en est de trop. Elle ne devait pas chercher à couvrir ses arrières mais juste penser à celle qui a subi le sort d'être violée", déplore Thiané Diagne, qui habite à Dakar.

"Tout le monde sait que le viol est affreux et insupportable, surtout avec la peur d'être mal jugé par la société. Personnellement, ces victimes doivent être soutenues, surtout psychologiquement", estime Arabia Diatta, une autre habitante de la capitale.

"C'est des situations qui commencent à se répéter, et il est temps que l'État prenne ses responsabilités", tranche Madame Camara.

Le parquet inerte

Face à l’inertie du parquet, les Sénégalais ont lancé une pétition pour le retrait de la licence d’Amina Badiane, la promotrice du concours Miss Sénégal.

Après avoir obtenu près de 70.000 signatures, les associations de femmes ont pris le relais à travers le dépôt d’une plainte collective mercredi au tribunal de Dakar.

Le viol "est un crime, et l'apologie du crime existe dans le code pénal", dit Maimouna Astou Yade, présidente du Collectif des femmes du Sénégal.

Selon les données les plus récentes, enregistrées en 2019, il y a eu au Sénégal 668 cas de viols sur mineures, 706 agressions sexuelles, 15 femmes tuées et plus de 1200 cas de viol.

Des chiffres alarmants, qui ont conduit à la criminalisation du viol en 2020. Une étape pour le moment insuffisante pour freiner le fléau, selon les militantes pour les droits des femmes.