Un imam sénégalais condamné en appel à deux ans de prison ferme pour "apologie du terrorisme"

Un imam sénégalais reconnu coupable en juin d'"apologie du terrorisme" a vu sa peine aggravée en appel d'un an de prison ferme à deux ans, a-t-on appris mardi de source judiciaire.

Ibrahima Sèye a été "condamné à 30 mois de prison, dont 24 ferme" par la Cour d'appel de Dakar, dans une décision rendue le 11 octobre, a indiqué à l'AFP le président de la Cour d'appel, Demba Kandji.

L'imam, par ailleurs professeur d'histoire-géographie dans un lycée, avait été reconnu coupable d'"apologie du terrorisme", d'incitation à la désobéissance militaire et d'intolérance religieuse par le tribunal de Kolda (sud) et condamné le 1er juin à un an de prison.

Le parquet, estimant la peine insuffisamment sévère, avait fait appel.

Interrogé au procès en première instance sur ses propos lors d'un prêche prononcé en 2015, l'imam Sèye avait affirmé avoir agi au nom de l'islam et contre "l'impérialisme occidental et américain", évoquant "le choc des civilisations et des religions".

Dans ce sermon, dont un enregistrement avait été produit à l'audience, il affirmait que "tous les militaires envoyés au Mali sont des mécréants", en référence notamment au contingent sénégalais de la force de l'ONU dans ce pays, des propos qu'il a assumés à la barre.

Il fait partie d'une dizaine de personnes, dont plusieurs imams, arrêtées en octobre 2015 au Sénégal pour "affinités avérées" avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le groupe Etat islamique (EI).

Les autres personnes arrêtées étaient toujours détenues un an plus tard, sans information officielle sur la date de leur jugement, une situation dénoncée par un mouvement citoyen, le Forum du justiciable.

Dans un communiqué le 6 octobre, cette organisation rappelait que "toute personne arrêtée a le droit d'être jugée dans un délai raisonnable par une juridiction impartiale".

Le Sénégal, jusqu'à présent épargné par les attentats jihadistes, a renforcé les mesures de sécurité devant les hôtels et de nombreux bâtiments publics après ceux qui ont frappé d'autres pays d'Afrique de l'Ouest, dont le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire, depuis le début de l'année.

Avec AFP