Sénégal : l'opposition accuse Macky Sall de s'être "renié" sur la durée de son mandat

Le président du Sénégal Macky Sall à Abuja, le 16 décembre 2015. (REUTERS/Afolabi Sotunde)

Le président "a manqué à son devoir tant il a renié ses engagements et (est) revenu sur la parole donnée au peuple et au monde entier", a affirmé le PDS, premier parti d'opposition.

Le principal parti d'opposition au Sénégal a accusé le président Macky Sall de s'être "renié" en renonçant, sur avis du Conseil constitutionnel, à écourter son mandat en cours et a estimé "n'être en rien concerné" par le referendum constitutionnel du 20 mars.

Macky Sall a annoncé mardi soir lors d'une allocation télévisée que le passage du septennat au quinquennat prévu par la révision constitutionnelle s'appliquerait seulement à partir du prochain mandat présidentiel et qu'il irait en conséquence jusqu'au bout de son mandat actuel, en 2019, afin de se "conformer à la décision du Conseil constitutionnel".

Il "a manqué à son devoir tant il a renié ses engagements et (est) revenu sur la parole donnée au peuple et au monde entier", a affirmé dans un communiqué jeudi soir le Parti démocratique sénégalais (PDS), la formation du prédécesseur de Macky Sall, Abdoulaye Wade (2000-2012), à l'issue d'une réunion de son comité directeur.

"Le chef de l'Etat, qui s'est fait le porte-parole du Conseil constitutionnel en annonçant et publiant son avis, a tenté à dessein de faire passer un simple avis qui doit être recueilli pour une décision que personne n'a sollicitée et que le conseil n'avait (pas) le pouvoir de prendre", a estimé le PDS.

Le retrait dans le projet de révision constitutionnelle qui comporte le passage au quinquennat de la disposition portant sur "son application au mandat en cours enlève toute pertinence au référendum annoncé qui coûtera très cher pour ce qui apparaît comme une tentative d'obtenir un plébiscite à moindre frais", affirme le parti.

En conséquence, le PDS "considère n'être en rien concerné par le référendum annoncé" et invite l'ensemble despartis politiques et la société civile, à "se retrouver pour, ensemble, apporter la réponse du peuple à l'aventurisme d'un régime qui ne sait où nous conduire et qui a échoué".

La presse sénégalaise estimait vendredi que cette prise de position équivalait à un boycott du scrutin.

Elu au second tour en 2012 pour sept ans face à Abdoulaye Wade, M. Sall a saisi en janvier le Conseil constitutionnel de son projet de réforme de la Loi fondamentale prévoyant, conformément à sa promesse de campagne, une réduction immédiate de la durée du mandat du chef de l'Etat (le nombre de mandats étant limité à deux consécutivement).

Anticipant les critiques, M. Sall a affirmé avoir obligation de suivre l'avis du Conseil constitutionnel, citant l'article 92 de la Constitution selon lequel les décisions de cette juridiction "s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles".

AFP