Affaire Hissène Habré : volte-face du Sénégal

Hissène Habré au Sénégal en 2005

Le Sénégal est revenu dimanche sur sa décision de renvoyer à N’Djamena l’ancien dictateur tchadien, réfugié au Sénégal depuis 1990.

C’est le chef de la diplomatie sénégalaise, Madické Niang, qui l’a annoncé dans une déclaration diffusée à la radiotélévision nationale. « Le Sénégal va engager des consultations avec l’ONU et l’Union européenne pour trouver une solution » a dit M. Niang.

Dakar dit avoir répondu à l'appel de la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, qui avait exhorté hier le Sénégal à revoir sa décision, car, selon Navi Pillay, celle-ci aurait pu constituer une violation du droit international. « En tant que partie à la Convention contre la torture, le Sénégal ne peut extrader une personne vers un État où il y a des motifs sérieux de croire qu'elle serait en danger d'être soumise à la torture », avait dit Mme Pillay.

Vendredi, "le président Abdoulaye Wade informe son ami le président Deby de sa décision de renvoyer dans son pays d'origine M. Hissène Habré lundi 11 juillet par un vol spécial affrété par le gouvernement sénégalais". L’information a été confirmée par le porte-parole du gouvernement sénégalais Moustapha Guirassy, cité par l’AFP.

Rappelons qu'au dernier sommet de l’Union africaine à Malabo, il avait été rappelé au Sénégal ses obligations internationales : soit juger Habré, soit l’extrader vers un pays prêt à le juger.

Selon Jacqueline Moudeina, présidente de l'Association tchadienne de la promotion et la défense des droits de l'Homme (ATPDH), Ndjamena n'avait pas demandé l'extradition d'Hissène Habré et comme ce dernier avait été condamné à mort par contumace par un tribunal tchadien, il risquait d'être exécuté s'il était renvoyé dans son pays.