Série culte ivoirienne, "Ma famille" revient pour reconquérir l'Afrique

Dans le quartier d'Abobo à Abidjan, en Côte d'Ivoire, le 19 août 2015.

"Action, ça tourne!". Une voiture s'immobilise devant une villa cossue, une belle femme embrasse son amant avant de rejoindre son mari dans la maison: "Ma Famille", série télévisée ivoirienne "culte", revient plus de dix ans après avec des histoires encore plus croustillantes.

Les acteurs de cette série qui avait conquis toute l'Afrique francophone se sont retrouvés sur un plateau à Abidjan pour tourner de nouveaux épisodes.

Lancée en 2002 et diffusée tous les dimanches soir par la télévision publique, la première saison de "Ma famille" avait pulvérisé les records en Côte d'Ivoire, jusqu'à sa disparition des écrans en 2007. Les spectateurs se passionnaient alors pour la belle-mère acariâtre, le mari volage, les employés de maisons qui participaient aux imbroglios et défendaient leur maîtresse de maison... la belle +Delta+.

A travers 300 nouveaux épisodes de 26 minutes, la nouvelle série rebaptisée Ma grande famille "nous replonge avec délectation dans les déboires de la vie conjugale du duo mythique Delta-Bohiri (mari et femme dans la série) et des nombreuses maîtresses qui gravitent autour de Monsieur", explique la comédienne et réalisatrice ivoirienne Delphine Akissi Loukou, que tout le monde appelle "Akissi Delta".

"Cette deuxième saison est une continuité, c'est la suite logique de la première", juge la réalisatrice en rappelant que la série embrasse des sujets de société africains tels que l'éducation, la santé, les traditions et la sexualité.

"Ma grande famille va mettre en évidence l'activité quotidienne de l'Afrique d'en-bas qui se déroule dans les cours communes en Côte d'Ivoire (des locataires issus de différentes familles vivent souvent dans une même maison ou concession), avec des rumeurs invraisemblables, des ragots, des mensonges...", note le réalisateur, Tano Kouadio.

Gros budget

Les producteurs A+, la chaîne africaine du groupe Canal+ et la RTI (télévision ivoirienne) n'ont pas lésiné sur les moyens: 12 mois de tournage en Côte d'Ivoire, mais aussi au Sénégal, au Mali, au Burkina, au Togo, au Bénin et au Niger, avec des comédiens venus des pays francophones d'Afrique centrale et de l'Ouest. Le budget avoisine le milliard de FCFA (1,5 million d'euros).

Objectif: "reconquérir l'Afrique".

"Les acteurs touchent un bon cachet, à la différence de la première saison où l'aventure avait misé sur le volontariat", explique Ken Adamo, artiste-musicien auteur du générique.

Pour M. Adamo, également impresario, souligne que la concurrence sur le marché africain du cinéma est très rude avec l'Afrique du sud, le Nigeria et l'Angola qui sortent régulièrement des séries très prisées.

"C'est une compétition panafricaine qui ne dit pas son nom. Mais on sera à la hauteur. La saison 2 de Ma famille va cartonner", promet-il.

"A l'aube de la libéralisation de l'espace audiovisuel, la Radio diffusion ivoirienne (RTI-publique) doit fait face au défi d'une production variée et de qualité", avait prévenu la ministre ivoirienne de la communication, Affoussiata Bamba-Lamine, lors de la cérémonie de lancement.

La série revient en tout cas de loin car sa principale vedette, Akissi Delta, a failli "succomber" pendantla crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011, épilogue sanglant d'une décennie de crise politico-militaire. Elle accuse "des méchants et des mouchards" d'avoir voulu la manipuler et de l'avoir poussée à des tentatives de suicide.

Aujourd'hui, la comédienne est épanouie. Elle, ancienne analphabète dont la vie de femme de ménage à l'âge de 15 ans a inspiré une partie de la série, souligne avec fierté avoir été "invitée à la table de nombreux chefs d'Etat", au Mali, au Congo et au Gabon notamment.

Akissi a désormais une ambition cachée, un autre grand rôle dans la vie réelle cette fois: grâce à sa célébrité, elle voudrait être "la marraine de l'école obligatoire", le projet phare du gouvernement ivoirien.

Avec AFP