Les dépouilles ont été exposées au siège de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti d'Étienne Tshisekedi, opposant historique en République démocratique du Congo.
Environ 2.000 militants de cette formation politique se sont rassemblés sur le lieu des funérailles où les six cercueils de couleur blanche couverts du drapeau blanc-bleu-rouge-jaune de l'UDPS sont exposés.
Les membres des familles des défunts et d'autres militants du parti, la plupart en larmes, ont entonné des slogans contre le pouvoir alors qu'ils ramenaient les corps de la morgue de l'hôpital Bondeko, dans la commune de Limete (centre de Kinshasa) où les corps avaient été gardés, vers le siège de l'UDPS, dans la même commune.
"Nos combattants" ont été "tués par la barbarie de M. Kabila", a déclaré Jean-Marc Kabund, secrétaire général du parti.
L'UDPS prévoit d'enterrer les six militants tués au cimetière de Kinkole situé à plus de 20 km dans l'est de Kinshasa.
Mais dans un communiqué lundi, le vice gouverneur de la capitale congolaise Clément Bafiba a rappelé la mesure "consistant à différer jusqu'à nouvel ordre tout rassemblement, toute manifestation à caractère politique", à Kinshasa.
"Les organisateurs ne donnent aucune garantie quant à leur capacité de conduire sans débordement une manifestation sur la place publique", s'est-il justifié.
"Il s'agit d'un enterrement, il y a six corps, donc six familles et leurs connaissances. Il doit éviter d'avoir la peur bleue", a réagi M. Kabund de l'UDPS.
Les 19 et 20 septembre, au moins 53 personnes - 49 civils et 4 policiers - ont été tuées, selon l'ONU, lors d'une manifestation à l'appel d'une large coalition d'opposition, le "Rassemblement", constitué autour de l'opposant historique Étienne Tshisekedi.
Les manifestants exigeaient le départ de Joseph Kabila le 20 décembre, la date légale de la fin de son mandat.
Les autorités et le "Rassemblement" se renvoient mutuellement la responsabilité de ces violences.
Le Bureau conjoint de l'ONU aux droits de l'Homme a dénoncé dernièrement dans un rapport les "restrictions" imposées par les autorités à son travail d'enquêtes sur ces violences, estimant que le nombre des victimes pourrait être beaucoup plus important.
La RDC est minée par une crise politique profonde liée au report de la présidentielle qui devait se tenir cette année, mais qui a été reportée à avril 2018 par un accord signé en octobre entre la majorité et une frange minoritaire de l'opposition.
Le "Rassemblement" a rejeté cet accord.
La crise congolaise remonte en fait à 2011, à la suite de la réélection contestée de M. Kabila à l'issue d'un scrutin marqué par des fraudes massives. Le chef de l'État est au pouvoir depuis 2001, son mandat expire le 20 décembre et la Constitution lui interdit de se représenter.
Avec AFP