Six mois de prison pour un patron de presse algérien

L'Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF.

Le directeur de la station algérienne Radio M et du site d'information Maghreb Emergent, Ihsane El Kadi, poursuivi pour un article de presse, a été condamné mardi à six mois de prison ferme.

"Ihsane El Kadi a été condamné aujourd'hui par le tribunal Sidi M'hamed à Alger à six mois ferme et 50.000 dinars (322 euros) d'amende", a déclaré à l'AFP Said Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH). M. Salhi a précisé que le verdict n'a pas été assorti d'un mandat de dépôt et que M. El Kadi reste en liberté.

"Une condamnation de trop alors que nous avons déjà plusieurs journalistes en prison ou sous le coup de poursuites judiciaires. Pourtant, le délit de presse a été abrogé", s'est insurgé M. Salhi. "Le pouvoir doit changer de cap, le journalisme n'est ni un délit, ni encore un crime", a ajouté ce militant des droits de l'Homme.

M. El Kadi a confirmé cette peine sur Twitter, regrettant d'avoir été condamné "pour un article d'analyse sur plainte du ministre de la communication Amar Belhimer sur des chefs d'accusation pour lesquels il n a pas qualité de plaignant".​ "Sentiment de colère et de tristesse. Contraint d'aller en appel", a-t-il ajouté.

Le journaliste a en effet été jugé à la suite d'une plainte de l'ancien ministre de la Communication Amar Belhimer pour un article publié sur le site de Radio M sur le mouvement islamiste Rachad et les protestations pro-démocratie du Hirak. Basé à l'étranger, le mouvement Rachad est classé comme organisation terroriste depuis mai 2021 par les autorités algériennes.

Selon les médias locaux, M. El Kadi était accusé de "diffusion de fausses informations à même de porter atteinte à l'unité nationale", et "réouverture du dossier de la tragédie nationale" des années 1990. Ce dernier chef d'accusation est passible de jusqu'à cinq ans de prison en vertu de la "Charte pour la paix et la réconciliation", censée tourner la page de la guerre civile de la "décennie noire" (1992-2002).

L'Algérie figure à la 134e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2022 établi par RSF.