La brusque évacuation illustration de la difficulté à venir en aide aux millions de victimes de la guerre civile et de la famine.
Lundi, trois employés sud-soudanais d'un sous-traitant du Programme alimentaire mondial (PAM) avaient été tués - à la machette et par balles - lundi à Wau, deuxième ville du pays dans le nord-ouest, en proie à des combats et fin mars, six travailleurs humanitaires avaient été tués dans une embuscade sur une route reliant Juba à Pibor (est).
"Soixante travailleurs humanitaires ont dû quitter plusieurs endroits de (l'Etat de) Jonglei, hier (vendredi) et aujourd'hui (...) en raison de l'intensification des combats dans la zone", a expliqué samedi Eugene Owusu, chef du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) au Soudan du Sud.
"Il n'existe pas de mots pour décrire le niveau de frustration et de l'indignation que je ressens concernant les attaques permanentes contre les humanitaires au Soudan du Sud, qui essaient seulement aider les civils qui souffrent des conséquences du conflit", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Cette aggravation de la violence dans l'Etat du Jonglei n'est pas isolée: ces deux dernières semaines plusieurs milliers de personnes ont fui Pajok (sud) et Wau, deux localités où des massacres de civils ont été signalés.
A Wau, 13.500 personnes ont désormais trouvé refuge à la base locale de la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss). Selon la Minuss, des combats ont également éclaté dans la localité de Raga (nord-ouest), à environ 300 km de Wau, ainsi que dans l'Etat septentrional du Haut-Nil.
Le Soudan du Sud, plus jeune nation du monde qui a proclamé son indépendance du Soudan en juillet 2011, a plongé en décembre 2013 dans la guerre civile en décembre 2013, sur fonds de luttes de pouvoir teintées de rivalités ethniques entre le président Kiir et son ancien vice-président Riek Machar.
Les combats, marqués par de nombreuses atrocités contre les civils de la part des deux camps, ont chassé plus de 3,6 millions de Sud-Soudanais de chez eux, dont 1,7 million sont réfugiés dans les pays voisins.
La famine, conséquence directe du conflit, touche plus de 100.000 personnes dans certaines zones du pays et en menace des millions d'autres.
Si le président Kiir a promis que son gouvernement assurerait aux organisations humanitaires un "accès sans restriction aux populations dans le besoin", 79 cas d'humanitaires empêchés de faire leur travail ont été recensés au seul mois de mars, selon l'Ocha.
Un travailleur humanitaire a confié à l'AFP qu'il n'avait jamais vu une situation aussi mauvaise en 15 ans d'expérience.
"Le pays s'enfonce dans la pire crise depuis des années. Le pire en matière de violence gratuite, maladies, corruption et détérioration économique totale sont malheureusement encore à venir", a-t-il déclaré sous le couvert de l'anonymat.
Avec AFP