Deux fortes explosions, suivies par des échanges de coups de feu, ont été entendues en début de matinée sur la base de Baledogle, une installation qui dépend officiellement de l'armée nationale somalienne (SNA) mais qui abrite des conseillers américains formant les commandos somaliens et une piste de décollage pour des drones militaires américains, selon Mohamed Adan, un notable local.
Cette attaque, revendiquée par les shebab, affiliés à Al-Qaïda, a été confirmée par d'autres témoins, qui ont expliqué que les coups de feu avaient cessé un peu plus tard.
"Cela fait plusieurs heures que nous n'entendons plus de bruit de combat (...) Toute la zone autour de la base est surveillée par des hélicoptères militaires américains", a déclaré l'un d'eux, Abdullahi Osman.
Lire aussi : Somalie: le maire de Mogadiscio, blessé dans un attentat, est décédéLes shebab ont affirmé, dans un communiqué, avoir fait des dizaines de morts après "avoir franchi le périmètre de sécurité de cette base fortement sécurisée (...), pris d'assaut le complexe militaire et combattu férocement les croisés".
Ce bilan a été fermement démenti par la SNA, qui assuré n'avoir perdu aucun soldat. "Nous étions déjà informés de l'attaque et nous avons simplement repoussé les assaillants avant qu'ils atteignent nos barrières de défense", a déclaré un responsable militaire somalien, sous couvert d'anonymat.
La Mission américaine en Somalie a également assuré, dans un communiqué, que cette attaque avait été repoussée par les forces de sécurité somaliennes, sans qu'il y ait de victimes en leur sein.
Elle a vanté "leur vigilance et leur rapide réponse, laquelle a empêché les assaillants de briser le périmètre extérieur de sécurité de la base".
La base de Baledogle est utilisée par l'armée américaine pour ses frappes aériennes, à l'aide de drones, contre les shebab ou contre les membres du groupe État islamique (EI) en Somalie.
Les États-Unis ont intensifié depuis avril 2017 leurs frappes aériennes en Somalie, après l'extension, par le président Donald Trump, des pouvoirs donnés à l'armée américaine pour lancer des opérations antiterroristes, par voie aérienne ou terrestre, dans ce pays de la Corne de l'Afrique.
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Elles sont passées de 15 en 2016, selon les statistiques du Bureau of Investigative Journalism, une ONG britannique, à 35 en 2017, 45 en 2018 et 50 depuis le début 2019.
En avril, le commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom) avait annoncé avoir tué 800 personnes au total en 110 attaques aériennes en Somalie depuis avril 2017.
- 'Deux véhicules endommagés' -
A cette occasion, il avait reconnu pour la première fois que deux civils avaient été tués dans une attaque. Amnesty International estime toutefois que ce chiffre est largement sous-estimé. En avril, l'ONG disait avoir documenté cinq cas de frappes aériennes américaines ayant touché des civils, causant la mort au total de 14 personnes.
Lundi également, et cette fois dans Mogadiscio, un véhicule piégé a heurté un convoi transportant des conseillers militaires italiens de la Mission de formation de l'Union européenne en Somalie (EUTM-S), une attaque également revendiquée par les shebab.
L'EUTM-S a confirmé dans un communiqué qu'un de ses convois, qui revenait d'une "activité" à Villa Gashandigha, où sont installés le ministère de la Défense et les quartiers-généraux de l'armée somalienne, "a été touché aujourd'hui à Mogadiscio".
"Aucun soldat de l'EUTM-S n'a été blessé dans l'explosion", a-t-elle indiqué, précisant toutefois que "deux véhicules ont été endommagés".
L'EUTM-S vise à renforcer le gouvernement fédéral de transition somalien par une activité de conseil militaire et d'entraînement de l'armée somalienne.
Le ministère italien de la Défense a confirmé, dans un communiqué, que deux véhicules blindés italiens avaient été "impliqués dans une explosion à leur retour d'une activité d'entraînement destinés aux forces de sécurité somaliennes".
"Pour l'instant, il n'y a aucune conséquence pour le personnel italien", a ajouté le ministère, précisant qu'une enquête avait été ouverte.
Selon Mohamud Hassan, un témoin, l'armée a bouclé la zone après l'attentat, et des ambulances militaires sont arrivées sur place.
Chassés de Mogadiscio en 2011, les shebab ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils.
Ils ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 20.000 hommes de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom).