Sonnette d’alarme au Cameroun autour de la situation des enfants

Des enfants jubilent après la victoire des Lions Indomptables lors du Chan 2020, à Yaoundé le 31 janvier 2021.

Le Cameroun a pourtant ratifié toutes les conventions internationales en matière de protection de droits des enfants.

Les enfants camerounais sont de plus en plus exposés à diverses formes de danger, selon un constat de la Commission nationale de la protection de l’enfance, qui pointe du doigt des fléaux comme la drogue, la traite humaine, les abus sexuels ou encore les pratiques magico-religieuses.

"On a plusieurs formes de traites, notamment l’exploitation sexuelle, le travail forcé, la mendicité forcée des petits enfants ça fait partie des éléments de traite", explique Lydie Essissima qui a participé à l'étude sur la situation de la traite des personnes et le trafic illicite des migrants au Cameroun.

Le Cameroun a pourtant ratifié toutes les conventions internationales en matière de protection de droits humains, notamment la protection des femmes et des enfants.

Les frontières poreuses exposent les enfants

D’autres fléaux comme la consommation de la drogue impliquent des enfants scolarisés ou non. Le ministère de la Santé publique indique que 20% des consommateurs de drogue ont entre 17 et 20 ans. L’une d’elle, le tramadol, est la plus répandue au Cameroun.

"Dans une ville comme Garoua au nord du pays, il y a beaucoup d’enfants qui font d’usage du tramadol. A cause de la corruption, des personnes font entrer au Cameroun des médicaments contenant du tramadol sans autorisation par les régions du Nord, de l’Extrême-Nord, de l’Adamoua", révèle à VOA Afrique Titus Ndikung, fondateur de Empower Cameroon, une association d’auto support pour les consommateurs de drogue.

"Ces médicaments proviennent du Nigeria, si les policiers et les agents des douanes ne sont pas bien payés encore moins bien sensibilisés sur les dangers de ces substances, ils vont toujours les laisser entrer dans le territoire", prévient Titus Ndikung.

Jean Pierre Edjoa, directeur de la Protection Sociale de l'Enfance au ministère des Affaires Sociales à Yaoundé le 19 avril 2021(VOA/Emmanuel Jules Ntap)


L’exposition croissante des enfants à diverses formes de danger a amené les pouvoirs publics à mettre sur pied depuis 2016 une plate-forme nationale de protection de l’enfant.

"Cette plate-forme a été créée pour avoir la possibilité en temps réel de se pencher sur les problèmes qui concernent les enfants y compris ceux qui sont dans des situations d’urgence", précise Jean Pierre Edjoa, directeur de la protection sociale de l'enfance au ministère des Affaires sociales.

Faire appliquer la loi

D’autres experts préconisent, au vu de la situation actuelle, l’application du dispositif répressif en vigueur au Cameroun. Un avis que partage l’avocate des droits des femmes, enfants et personnes handicapées, Diane Tchomalogne. "Le trafic d’enfants, la traite d’enfants l’exploitation économique des enfants sont des infractions", explique-t-elle.

Diane Tchomalogne, avocate des droits des femmes enfants et personnes handicapées au barreau du Cameroun, à Yaoundé le 19 avril 2021.(VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Mais regrette-t-elle, "c’est le ministère public qui de premier chef devrait se saisir de pareils cas ainsi que la Commission nationale de protection de l’enfance afin que ces personnes qui exposent les enfants à toutes formes de dangers -- que ce soit sur le plan économique, moral, affectif -- soient sévèrement punies".

Le gouvernement pour sa part dit réfléchir sur l'adoption d'une stratégie nationale de prévention et de lutte contre les fléaux scolaires et extrascolaires au Cameroun.​

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Les enfants camerounais confrontés à de nombreux fléaux