L'ONU enquête sur la réaction des Casques bleus après des exactions au Soudan du Sud

Des soldats sud-soudanais défilent lors de la célébration du Soudan du Sud Jour d'indépendance à Juba, Sud-Soudan 09 Juillet 2011. epa / GIORGOS Moutafis

L'ONU a annoncé l'ouverture d'une enquête sur des exactions commises contre des civils, y compris des travailleurs humanitaires, par des soldats sud-soudanais à Juba en juillet et sur l'incapacité des Casques bleus à les empêcher.

Dans un communiqué, le secrétaire général Ban Ki-moon se dit "préoccupé par des allégations selon lesquelles la Minuss (Mission de l'ONU au Soudan du Sud, NDLR) n'a pas réagi de manière appropriée pour prévenir ces graves actes de violence sexuelle commis à Juba".

M. Ban cite une attaque survenue le 11 juillet au cours de laquelle "une personne a été tuée et plusieurs civils violés et battus par des hommes en uniforme".

"Une enquête spéciale indépendante (sera chargée de) déterminer les circonstances de ces incidents et d'évaluer la réaction de la Mission", indique-t-il, se déclarant de nouveau "scandalisé par les actes de violence commis par les SPLA (forces gouvernementales) et des forces de l'opposition à Juba du 8 au 11 juillet".

Il exhorte également le gouvernement sud-soudanais à enquêter et à poursuivre en justice les responsables.

De violents affrontements ont opposé plusieurs jours à Juba les soldats gouvernementaux aux partisans de l'ancien chef rebelle Riek Machar.

L'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power a dénoncé mercredi dans un communiqué des "attaques et viols de civils, y compris des travailleurs humanitaires et des journalistes, par des soldats sud-soudanais dans la résidence Terrain à Juba".

"Les dirigeants sud-soudanais doivent enquêter (et) demander des comptes aux individus responsables de ces attaques lâches et brutales", a-t-elle affirmé.

Selon elle, à la demande de l'ambassade américaine à Juba, les autorités sud-soudanaises ont envoyé "une force pour mettre fin" aux exactions.

Les Casques bleus, ajoute-t-elle, "étaient apparemment dans l'incapacité de répondre aux appels à l'aide ou réticents à le faire".

Les soldats de la Minuss ont été très critiqués après cette récente flambée de violence pour n'avoir pas protégé les civils, y compris des femmes et filles violées près d'une base onusienne.

L'ONU a documenté au moins 200 cas de viols de Sud-Soudanaises dans la capitale pour le seul mois de juillet, perpétrés par des hommes en uniforme, notamment issus des troupes du président Salva Kiir.

Selon l'organisation Human Rights Watch, des dizaines de militaires ont investi le 11 juillet un hôtel abritant des employés d'organisations internationales, situé à moins d'un kilomètre d'une base de l'ONU.

Plusieurs employées étrangères ont été violées et le journaliste John Gatluak, de la tribu Nuer, a été abattu devant témoins.

Les quelque 13.500 Casques bleus de la Minuss sont d'autre part accusés par une commission d'enquête de l'ONU d'avoir manqué à leur devoir de protéger les civils lors de l'attaque meurtrière d'un camp des Nations unies à Malakal (nord-est du Soudan du Sud) en février. Il y eu au moins 30 morts et 123 blessés.

Le Conseil de sécurité a autorisé vendredi dernier le déploiement de 4.000 soldats onusiens supplémentaires pour assurer la sécurité à Juba et dissuader les attaques contre les bases de l'ONU.

Près de 200.000 civils déplacés par la guerre civile qui ravage le Soudan du Sud depuis deux ans et demi ont trouvé refuge dans six camps onusiens dans tout le pays.