Le nouveau plan vise à relancer les négociations entre les belligérants sud-soudanais avec à la clé un accord de partage de pouvoir entre les chefs des deux camps belligérants, le président sud-soudanais Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar.
Les pourparlers de paix sud-soudanais sont depuis un mois au point mort.
Les médiateurs est-africains du conflit qui ravage le jeune pays depuis décembre 2013 veulent accentuer la pression sur les belligérants, en associant l'Union africaine (UA) et l'ONU aux négociations.
Le nouveau processus de négociations envisagé par l'organisation intergouvernementale est-africain Igad et baptisé "Igad-Plus" associerait notamment l'UA et l'ONU.
Mais aussi la Chine, qui a d'importants intérêts pétroliers au Soudan du Sud, et la troïka États-Unis-Royaume-Uni-Norvège, principal artisan de l'accord de paix signé en 2005 entre Juba et Khartoum qui ouvrit la voix à l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.
Cet élargissement doit permettre "d'accroître la pression des Africains sur les parties et resserrer les rangs au sein de l'Igad", assure un diplomate impliqué dans les négociations.
L'Igad a également changé de stratégie, en rédigeant un accord-cadre à soumettre aux parties, plutôt que de les laisser négocier entre elles, comme c'était le cas jusqu'ici, ce qui a abouti à des discussions interminables et largement stériles.
Outre le partage du pouvoir, l'accord-cadre rédigé par l'Igad, consulté par l'AFP et qui doit être proposé aux parties dans les prochaines semaines, évoque également la mise en place d'une force d'interposition, prise sur le contingent de la mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss), et d'un tribunal chargé de juger les crimes de guerre.
Salva Kiir et Riek Machar "s'accordent sur le fait qu'ils sont proches d'un accord, mais ils ne parviennent pas à faire les compromis nécessaires. Une large coalition internationale peut les aider à franchir le pas", poursuit le diplomate.
- 35 incidents en deux semaines -
Le conflit sud-soudanais a éclaté en décembre 2013 au sein de l'armée sud-soudanaise, minée par des antagonismes politico-ethniques alimentés par la rivalité entre MM. Kiir et Machar à la tête du régime sud-soudanais.
Des groupes armés et milices tribales ont depuis rejoint l'un ou l'autre camp. Les combats se sont accompagnés de massacres et atrocités à caractère ethnique contre les civils.
Selon des observateurs, le conflit a déjà fait des dizaines de milliers de morts. Il a aussi contraint deux millions au moins de personnes à fuir leurs foyers. La moitié des 12 millions d'habitants du pays ont besoin d'aide humanitaire, selon l'ONU, qui abrite dans ses bases quelque 100.000 personnes trop effrayées par les combats et les tueries pour oser rentrer chez elles.
Les deux camps tentent depuis janvier 2014 de négocier un accord de paix, mais les discussions n'ont abouti qu'à une série de cessez-le-feu jamais respectés.
Rien qu'entre le 28 février et le 16 mars cette année, l'Igad a recensé quelque 35 incidents armés, impliquant presque à parts égales les forces gouvernementales et les forces rebelles.
Les médiateurs de l'Igad ont été très critiqués pour leur manque de fermeté après pas moins de huit sessions de négociations en un peu plus d'un an. Les menaces de sanctions brandies par l'ONU et l'UA n'ont pas eu non plus de véritable effet.
"La médiation de l'Igad a été affaiblie par les divisions au sein de l'organisation. Kiir et Machar ont parfaitement su jouer sur les intérêts divergents entre les pays membres. Cette fois, ils devront composer avec l'ensemble du continent", analyse Solomon Dersso, de l'Institute for Security Studies (ISS) à Addis Abeba.