Plus de 1176 morts en deux jours dans des bombardements au Soudan

Le conflit au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts et plus de onze millions de déplacés, et nourrit l'une des pires crises humanitaires récentes, selon l'ONU.

Au moins 176 personnes ont été tuées lundi et mardi lors de bombardements imputés à l'armée et aux forces paramilitaires, selon un décompte de l'AFP à partir de responsables officiels, de la société civile et d'avocats pro-démocratie.

La guerre qui oppose depuis avril 2023 au Soudan l'armée régulière et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) a fait des dizaines de milliers de morts et plus de onze millions de déplacés, et nourrit l'une des pires crises humanitaires récentes selon l'ONU.

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Des bombardements menés par les forces paramilitaires sur Omdourman, proche banlieue de la capitale soudanaise, ont tué mardi au moins 65 personnes et fait des centaines de blessés, a indiqué le gouverneur de l'Etat de Khartoum.

"Massacre"

Un seul obus tiré sur un bus de passager "a tué tout le monde à bord", soit 22 personnes, a dit dans un communiqué Ahmed Othman Hamza, dénonçant un "massacre" commis par une "milice terroriste", en référence aux FSR.

La journée de mardi a été marquée par les combats les plus violents de cette année entre l'armée régulière conduite par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les FSR de son ancien allié et adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo. Ce raid intervient au lendemain d'un bombardement meurtrier attribué à l'armée.

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Selon un groupe d'avocats pro-démocratie soudanais, plus de 100 personnes ont été tuées lundi dans un bombardement de l'armée sur un marché bondé au Darfour-Nord, dans l'ouest du Soudan en partie contrôlé par les paramilitaires.

Cette frappe meurtrière, que l'armée nie avoir mené, a eu lieu à Kabkabiya, à environ 180 kilomètres à l'ouest d'El-Facher, la capitale du Darfour-Nord, assiégée depuis mai par les paramilitaires des FSR, a précisé dans un communiqué l'organisation Emergency Lawyers. Ce groupe d'avocats documente les atrocités commises depuis le début de la guerre entre l'armée régulière et les FSR.

"Jour de marché"

"Le bombardement a eu lieu le jour de marché hebdomadaire de la ville, où des habitants de divers villages voisins s'étaient rassemblés pour faire leurs courses", et a provoqué la mort "de plus de 100 personnes" et blessé "des centaines d'autres, y compris des femmes et enfants", selon l'organisation.

L'armée soudanaise a nié de son côté avoir mené cette attaque, dénonçant dans un communiqué des "mensonges" répandus par les partis politiques qui soutiennent les FSR, et ajoutant qu'elle continuerait à "exercer son droit légitime à défendre le pays". Sur des images vidéo envoyées à l'AFP et présentées comme tournées sur le marché après le bombardement, on voit des gens fouiller dans les décombres, tandis que les restes carbonisés d'enfants gisent sur un sol brûlé.

Ces images ont été fournies par un groupe de la société civile, la Coordination générale du Darfour pour les déplacés et réfugiés, et l'AFP n'a pas été en mesure d'en vérifier l'authenticité. Emergency Lawyers a également fait état de six morts dans l'Etat du Kordofan-Nord lorsqu'un drone non identifié qui s'était écrasé le 26 novembre a explosé.

Dans le camp de déplacés de Zamzam, dans le Darfour-Nord, des bombardements des forces paramilitaires ont fait 5 morts, selon un mouvement de la société civile, la Coordination générale du Darfour des camps de déplacés et de réfugiés.

Le Darfour, une région de la taille de la France, abrite environ un quart de la population du Soudan, mais plus de la moitié de ses 10 millions d'habitants sont déplacés.

En juillet, un rapport soutenu par les Nations unies a indiqué que la famine avait gagné un grand camp de réfugiés du Darfour-Nord après un siège de plusieurs mois des FSR qui a bloqué la quasi-totalité des échanges commerciaux et de l'accès à l'aide. L'armée régulière et les FSR ont été accusés de viser délibérément des civils et de bombarder sans discernement des zones résidentielles depuis le début du conflit qui les oppose.

Afflux de réfugiés

L'ONU s'est de son côté dit "inquiète" de l’afflux chaque jour au Soudan du Sud de milliers de personnes qui fuient les nouvelles violences au Soudan voisin.

"La semaine dernière, plus de 20.000 Soudanais" ont quitté leurs villages frontaliers et traversé la frontière vers le Soudan du Sud, a souligné mardi une porte-parole du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, Olga Sarrado. C'est "trois fois plus que les semaines précédentes", insiste la porte-parole à Genève et "depuis samedi, on estime qu'il y a entre 7.000 et 10.000 nouveaux arrivants chaque jour".

L'ONG Human Rights Watch a pour sa part accusé les FSR et ses alliés de milices arabes d'avoir commis de nombreuses exactions contre des civils dans l'État du Kordofan-Sud entre décembre 2023 et mars 2024.