C’est dans une ambiance de chansons et de pas de danse qu’une centaine de combattants de l’état-major du groupe "Mai-Mai Mulangane pour la défense du peuple" a marqué la fin de leur lutte armée dans le maquis. Actifs depuis plus d’une décennie, ils ont déposé les armes suite à une décision de leur chef, le général autoproclamé Maheshe Simba Wankutu, approché par la Monusco, la force des Nations unies au Congo.
Maheshe vient de faire allégeance à l'armée régulière de la République démocratique du Congo et appelle ses éléments à faire un choix entre la vie civile ou l’armée loyaliste.
En file indienne, Maheshe et son état-major remettent armes et munitions après un moment de concertation avec les parties prenantes au processus de désarmement, démobilisation et réinsertion initié.
"J’ai posé ce geste et je vous demande tous de suivre mon exemple. Ceux qui sont encore en forêt et ne veulent pas désarmer, ils auront affaire au gouvernement", martèle-t-il en présence du ministre provincial de l’Intérieur et de la Sécurité au Sud-Kivu Lwabanji Lwasi Ngabo, du dirigeant de la chefferie de Ngweshe, sous la facilitation de la Monusco.
Le ministre provincial a fait le déplacement pour prendre acte de cette reddition. Le gouvernement provincial est grandement satisfait de voir que les fils de la province ont accepté de répondre à l’appel du chef de l’Etat qui a demandé le dépôt des armes pour se consacrer au développement.
"Comme vous le savez, la population a beaucoup souffert, des femmes ont été violées régulièrement, et des situations des pillages ont été multiples et déplorées. Nous pensons qu’un nouvel espoir est permis, mais il faut accompagner ces ex-combattants", a déclaré le ministre Lwabanji.
Au total, 120 combattants dont 10 femmes ont déposé les armes et ont chacun reçu un kit pour un début de réinsertion après une séance de sensibilisation sur la prévention de la maladie Covid-19.
Lire aussi : Dans l'est de la RD Congo, le Covid-19 est une menace parmi d'autresIls ont remis 20 armes dont 17 individuelles et 3 d’appui et plus de 2.000 minutions.
"Il faut que tout le monde sorte [du maquis] et qu’ensemble, on travaille avec le gouvernement congolais pour relever ce pays", a souligné avec fierté Karna soro, chef du bureau de la Monusco au Sud-Kivu et dans la province voisine du Maniema. "Ceux qui ont été désarmés aujourd’hui vont être reversé dans un programme de réinsertion communautaire ou dans des projets", a-t-il ajouté.
Le leader de la chefferie de Ngweshe, Mwami Ndatabaye Ngweshe Weza III, a salué ce geste et appelle le gouvernement à déployer rapidement des forces loyalistes dans les zones occupées jadis par ces miliciens démobilisés pour protéger la population.
"S’ils ne sont pas rapidement remplacés par les forces régulières, leurs actions de ce jour risquent de ne pas avoir beaucoup des grands fruits puisque chez nos voisins ils reste encore des groupes armés actifs qui constituent des nids d’insécurité pour la région", prévient le chef traditionnel.
La cérémonie de reddition a été marquée par la présence de plusieurs officiers de la 33e région militaire des forces armées de la RDC.
La réinsertion communautaire des ex-combattants a déjà commencé. Ceux qui ont choisi la vie civile vont apprendre des métiers, a précisé la Monusco.
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