Le 1er décembre, le député Massata Samb avait pris à partie depuis la tribune sa collègue Amy Ndiaye au sujet de déclarations qu'elle avait faites contre Moustapha Sy, chef d'une formation membre de la principale coalition de l'opposition, le Parti de l'unité et du rassemblement (PUR), qui n'est pas député mais est un influent marabout au Sénégal.
Lire aussi : Violences au parlement sénégalais: deux députés en garde à vueLes images qui ont circulé en boucle sont très largement perçues comme montrant Massata Samb gifler la parlementaire, et son collègue Mamadou Niang lui décocher un coup de pied au ventre, en pleine session publique.
Amy Ndiaye a été hospitalisée après l'incident et risque de perdre le bébé qu'elle porte, avait dit lors du procès son avocat, Me Baboucar Cissé. Elle est sortie de l'hôpital, mais reste "dans une situation extrêmement pénible", avait-il ajouté.
Les deux parlementaires, écroués depuis le 15 décembre, ont été jugés le 19 décembre par le tribunal des flagrants délits de Dakar.
Celui-ci les a aussi condamnés lundi à payer chacun une amende de 100.000 francs CFA (150 euros), et "solidairement" des dommages et intérêts de cinq millions de FCFA (7.625 euros) pour "coups et blessures volontaires" sur Amy Ndiaye, députée du parti présidentiel. Le parquet avait requis deux ans ferme.
Les deux députés n'étaient pas présents lundi lors de la lecture du jugement. "Ils vont rester en prison le temps qu'on fasse appel", a déclaré à l'AFP un de leurs avocats, Abdy Nar Ndiaye. En dépit des images, ils avaient nié lors du procès avoir frappé leur collègue.
La défense des deux députés avait plaidé que le procès ne pouvait avoir lieu compte tenu de l'immunité parlementaire de leurs clients, mais le tribunal était passé outre.
L'incident a été considéré comme symptomatique des tensions entre l'opposition et la majorité, des violences exercées contre les femmes mais aussi du statut intouchable des marabouts.
Le camp présidentiel a perdu la majorité absolue qu'il détenait à l'issue des élections législatives de juillet qui ont donné un quasi équilibre des forces à l'Assemblée dans un contexte politique tendu. Le président Macky Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, reste muet sur ses intentions pour la présidentielle de 2024.